between sick people - with héliodore

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between sick people
Taelyn&Héliodore

Minuit, ils étaient dans sa chambre à elle. Personne pour les déranger, elle ne vivait avec personne et puis elle s’en fichait de toute façon. Sa propriétaire avait le don de la regarder de travers le matin quand Taelyn était restée debout un peu trop longtemps, à faire du bruit qu’elle parvenait apparemment à identifier cette vieille sorcière. Minuit, ils venaient de faire l’amour deux fois, ouais deux fois parce qu’ils étaient plutôt endurants pour des mourants ces deux-là.
Deux fois, elle allait en entendre parler pendant des jours et des jours de cette soirée, mais elle en avait rien à foutre Taelyn, parce que tout ce qui comptait pour elle, c’était de s’éclater, de s’amuser, de profiter de la vie, et pour faire ça, elle avait trouvé Hélio. Lui, il était malade aussi, comme elle, il était en train de crever. Elle avait parfois l’impression qu’il le vivait moins bien qu’elle, mais ils avaient pas le choix, à un moment ou un autre ils ne seraient plus que deux foutues plantes vertes qui ne servaient à rien. Des plantes vertes qu’on taperait dans un coin, dans un hospice ou un hôpital parce que c’était trop dur de s’occuper d’eux. Tu parles, au moins on se débarrasse du problème.

Taelyn était allongée dans son lit, elle avait enfilé un t-shirt long, qui lui arrivait à mi-cuisse, elle était allée dans le frigo pour prendre une bouteille d’eau et une bouteille de vin rouge, et avait emporté le tout dans sa chambre. Héliodore était assis dans le lit lui aussi, à une époque elle aurait allumé une clope mais depuis le diagnostic, elle évitait de fumer. D’accord elle allait crever mais elle évitait quand même de précipiter la date de l’enterrement. Il y avait encore un paquet de trucs qu’elle voulait réaliser sur sa bucket list, et il était hors de question qu’elle crève sans avoir tout réalisé. La jeune femme revenait avec la bouteille de vin qu’elle posa sur la table de chevet, et elle regarda Hélio en lui demandant subitement :

J’ai une question con à te poser.

Elle s’installa confortablement, prit deux verres et se servit un grand verre de vin rouge. Elle en sirota la première gorgée avant de poser sa question. Elle aimait ménager le suspense Taelyn.

Tu as eu le courage de parler tout de suite de cette saloperie à tes amis ou tes proches ?

Elle n’aimait pas parler de Huntington Taelyn, elle préférait cacher la maladie dans un coin, très loin, pour que personne ne s’en rende compte. Mais avec Héliodore elle pouvait, il comprenait, c’était le seul, l’unique à comprendre.

@Héliodore O'Toole

Between sick people ft Taelyn

Buvons, chers amis, buvons : Le temps qui fuit nous y convie ; Profitons de la vie Autant que nous pouvons - Molière

D’aucun diront qu’il y a sans doute mieux à faire que de s’envoyer en l’air, lorsque notre cœur est malade. En ce qui me concerne, à ces individus, je n’aurai qu’une chose à dire : « Allez vous faire foutre ! ». Quand vous avez une épée de Damoclès au-dessus de votre tête depuis des années, et qu’elle s’est abaissée de plusieurs centimètres d’un coup, tout récemment, je pense que vous avez d’autres choses à faire que d’être raisonnable. Et ce, même lorsque la femme que vous aimez est encore dans le coma, après que vous l’y avez involontairement envoyé. N’oublions pas la cerise sur le gâteau : la mort de l’enfant qu’elle attendait. De notre enfant. Des choses à oublier, j’en ai beaucoup, et c’est pourquoi j’agis comme je le fais, d’une manière que le quidam du coin pourrait qualifier de gros con. L’avis des gens, je m’en fous, je vis ma vie – le temps qu’il me reste à être complètement autonome et valide – comme je le veux. Ainsi donc, ce soir, j’ai choisi de retrouver Taelyn. Et comme à chaque fois que l’on se retrouve, ça n’est pas pour jouer au Monopoly, bien entendu. J’aime être avec elle. C’est sans prise de tête, et pourtant, c’est pas « que » du sexe. Etre liés par une maladie de merde, ça change un simple lien qui n’aurait été que de sex-friends.

Assis sur son lit, ayant revêtu un simple caleçon, je m’étire paresseusement. Pas par réelle fatigue (même s'il y en a, après les derniers événements), mais plus par semblant d'exercice de kiné. Une habitude que j'ai pris assez tôt, pour tester l'amplitude de mes mouvements, et essayer de solliciter mes muscles, afin d'éviter qu'ils ne s'encroûtent trop rapidement. La jolie institutrice fini par prendre la parole. J’attrape un verre, la remerciant d’un signe de la tête, qui a également pour but de l’inviter à me poser la question annoncée. Un soupir est la 1ère réponse apportée à cette interrogation, une fois celle-ci enfin posée. Songeur, je passe une main dans mes cheveux, cherchant plus à gagner du temps qu’à me recoiffer, alors que mon regard se perd dans la contemplation du verre. « Pour certains, j’ai pas vraiment eu le choix. » L’inconvénient d’être un Waldorf : la famille donne beaucoup d’argent, notamment à l'hôpital où l'on se rend. J’avais certes atteint mes 19 ans quand le verdict est tombé, ma famille a quand même été mise au courant de celui-ci : la peur de se voir couper les fonds... « Pour les autres… Disons que certains avaient deviné quelque chose… » Sans se douter de « quoi », bien entendu. Mais je n’ai confirmé cela qu’à quelques « élus ». « Hormis ma famille, j’en ai uniquement parlé à mes meilleurs amis. » Qui avaient pressenti que quelque chose m’était arrivé, via divers symptômes, qui ne me ressemblaient pas. Etant un Waldorf, j’étais entouré de curieux et de langues de vipère. Alors ça s’était répandue assez rapidement… « Quant aux autres, que ce soit à l’époque comme maintenant, je ne tiens pas à ce qu’ils me regardent avec pitié… » Même si ma maladie n’était pas « mortelle » quand on me l’a détecté, son évolution fait peur, et entraîne une pitié qui m’emmerde, dans le regard des autres.

« Tu leur a dit, toi ? » Il fallait bien que je retourne la question, après tout ! M’adossant contre la tête du lit, j’observe la Cartwright, intrigué. Curieux aussi bien de sa réponse, que de la mienne, si mon verdict n’était tombé que récemment. Oui, j’aurais sans doute fait les choses autrement, m’arrangeant notamment pour que des gens comme Théo, ne soient au courant de mon état de santé. Attendant la réponse de la blonde, je me sers finalement à boire, avant de déguster une gorgée du vin qu'elle a amené un peu plus tôt.

©crack in time

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Taelyn&Héliodore

Taelyn elle s’était laissé le choix elle. Quand elle avait appris que cette maladie lui bouffait les entrailles, que lentement mais sûrement elle allait devenir un légume, paralysée, incapable de faire le moindre petit geste du quotidien toute seule, elle s’était dit qu’ils ne méritaient pas ça. Pas qu’ils ne méritaient pas de savoir, mais ils ne méritaient pas de vivre en s’inquiétant sans cesse pour elle, en la prenant pour une poupée de porcelaine qu’ils auraient peur de casser. Elle ne voulait pas de ça, ni pour elle, ni pour eux. Elle essayait de se convaincre que c’était un geste d’une énorme générosité alors qu’en fait, c’était juste un putain de geste égoïste, elle en avait parfaitement conscience. Pourquoi bousiller la vie de son meilleur ami avec cette révélation si elle ne voulait le faire avec personne d’autre ? Elle s’en voulait Taelyn, désespérément.
Hélio il n’avait pas eu le choix lui, avec le nom de famille qu’il se trimballait, il n’avait pas d’autre choix que de révéler sa maladie au moins aux membres de sa famille. La famille de Taelyn… Elle les adorait mais elle ne voulait pas qu’ils sachent, c’était mieux comme ça. Elle avala une gorgée de son verre de vin avant de lui répondre, jouant avec le verre entre ses doigts tant qu’elle le pouvait encore.

Ma famille ne sait rien, ni mes parents ni mes sœurs. Le seul à être au courant c’est mon meilleur ami. J’ai fini par lui dire il y a six mois.

Pourquoi elle l’avait fait ? Majoritairement parce qu’il était tombé sur une facture de l’hôpital sans qu’il ait le moindre souvenir que Tae lui ai dit qu’elle s’était rendue à l’hôpital pour une quelconque raison. Ils se disaient tout, il connaissait tout d’elle, même ses rendez-vous chez la gynéco il les connaissait. Il était la personne à contacter en cas d’urgence, il était son 911, il était son yin ou son yang, à vous de faire votre choix. Il était son tout, et ce n’était pas un aveu de désamour pour sa famille, c’est juste qu’après toutes les épreuves que la vie avait mises sur leur chemin, ils se connaissaient par cœur. Alors elle lui avait avoué, et vider son sac lui avait fait un bien fou.

T’as l’impression que c’est égoïste d’en parler à personne ? Jveux dire, je suis comme toi. Cette putain de maladie est là et je peux rien y faire, mais je veux pas que les gens me regardent comme si j’allais me casser au moindre choc.

Elle leva les yeux au ciel, imaginant ce que ses parents ou sa sœur cadette seraient capables de faire si elle leur avouait qu’elle était malade. Elle n’aurait plus le droit de vivre, et elle avait envie de vivre.

Imagine la tronche de mon père si je lui dis que je fais du saut à l’élastique en étant malade. Je crois qu’il serait capable de me cloitrer dans ma chambre.

Et de camper devant avec une arme à feu… No way !

@Héliodore O'Toole

Between sick people ft Taelyn

Buvons, chers amis, buvons : Le temps qui fuit nous y convie ; Profitons de la vie Autant que nous pouvons - Molière

Compréhensif, je hoche positivement la tête, alors que l’institutrice m’égrène la courte liste des membres de son entourage à connaître l’existence de la maladie qui la ronge. Avec vigueur, je montre ma désapprobation quant à la possibilité de la trouver égoïste. Je ne doute pas que la plupart des gens ne partageront pas mon point de vue. Je suis prêt à parier l’ensemble de mon héritage que parmi eux, en grande majorité, on trouvera des êtres en bonne santé, et qui n’ont sans doute personne, dans leur entourage, d’atteint par une de ces merdes ! Oui, ça n’est certainement pas la meilleure des solutions, de ne rien dire aux autres, en une telle situation, mais chacun devrait vivre sa vie comme il l’entend. Sans quoi, comme l’indique Taelyn, on risque de finir privé de son libre arbitre. Ce qui serait dommage, de le voir disparaître, tant qu’on l’a encore… « Ce qui serait égoïste, ça serait de t’obliger à le leur dire. », du moins, c’est mon avis. « C’est ta vie, et toi, plus que quiconque, est en droit de la vivre comme tu le souhaites. ». On a tous un minuteur au-dessus de la tête, mais rare sont les êtres à en avoir conscience, et à avoir une estimation, plus ou moins précise, du moment où celui-ci approchera de sa fin. « Une telle nouvelle, ça ne détruit pas que ta vie, ça détruit aussi celle des autres… » Parce qu’outre leur désir de le materniser plus que de raison, ils ont tendance à se faire un sang d’encre pour le malade. Ca fini par les ronger, d’une certaine manière, par empiéter sur leur propre vie, et leurs instants de bonheurs et de détente. « Certains culpabilisent, quand ils vivent des moments agréables… » C’est avec un soupir que je fais cet aveu, tout en déposant mon verre sur la table de chevet. J’ai ainsi vu des proches me cacher des bonnes nouvelles, comme des potes ne pas oser me tenir au courant de leur évolution, dans le milieu sportif. « D’autres finissent par ne plus oser sortir avec toi, de peur que le pire ne survienne. » Combien de fois aies-je entendu cette excuse à la con m’être sorti pour annuler des plans prévus de longue date ?

Il est visiblement bien facile de juger négativement un malade qui refuse de parler de sa santé aux autres, mais loin d’être à la portée de tous, de se mettre à sa place et tenter de comprendre ses motivations. « Crois-moi, si c’était à refaire, je m’arrangerais pour éviter d’ébruiter cette merde. » Ca serait bien plus facile ! Même si, d’une certaine façon, c’est ce que je fais, en ne parlant pas réellement de l’état de mon cœur, autour de moi. Il est hors de question que j’en parle à ma mère, j’hésite encore concernant Othello et Alphée, et je sais que je ne le dirais jamais à Théoxane. Je ferme douloureusement les yeux, alors que le visage de la rousse surgit dans mon esprit. Mes dents se referment brièvement sur mes lèvres, le temps de chasser la St James de mes pensées, et je finis par me concentrer de nouveau sur Taelyn. « Il l’a pris comment, ton meilleur ami ? Je veux dire : il a pas trop changé d’attitude, depuis ? » Car ça, c’est le plus compliqué, pour eux. Et s’il est important d’être bien entouré, surtout quand on est malade, il est encore plus important que les amis évitent de trop en faire, afin de rester des amis, et de ne pas devenir des semblants d’ennemis. Et la réponse me préoccupe réellement, car même si je suis souvent égoïste, je tiens à la blonde. Etonnant. Je sais.

©crack in time

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Taelyn&Héliodore

Pouvait-on dire que Taelyn s’en voulait de n’avoir rien révélé à sa famille par rapport à sa maladie ? Non, pas du tout, elle ne s’en voulait pas parce qu’elle savait parfaitement que c’était la bonne chose à faire. Non seulement elle ne voulait pas que ses parents et le reste de sa famille s’inquiètent outre mesure pour son état de santé, mais surtout elle n’avait pas envie que tout le monde la regarde comme si elle était une pauvre petite chose fragile. Ce n’était pas le cas, elle n’était pas du tout fragile, ni pauvre, ni petite, elle était forte et elle faisait de son mieux pour montrer à tout le monde qu’elle était une femme forte et indépendante.
Raison pour laquelle elle mettait un pont d’honneur à réaliser chacun des objectifs de sa Bucket List. Une liste géniale de choses encore plus géniales à réaliser avant de mourir. Et comme avant de mourir, elle allait aussi devenir un putain de légume, il valait mieux qu’elle se débrouille pour réaliser tous ces objectifs dans un délai assez court.

C’est pour ça que j’ai décidé de faire cette liste. J’en suis à quarante-trois sur cent, et je sais que si j’en parle à ma famille, ils vont me retenir de faire ce que je veux et de vivre ma putain de vie.

Une putain de vie oui, parce qu’elle avait l’impression que ce n’était plus une vie, pas comme les autres personnes pouvaient le comprendre. Hélio avait l’air de bien comprendre ce qu’elle ressentait, il comprenait qu’il y avait seulement trois types de personnes dans le monde face à une telle nouvelle : une très faible minorité acceptait et laissait vivre la personne malade, un autre groupe culpabilisait et finalement les derniers t’empêchaient de vivre.
Elle n’avait pas envie de ça, et elle n’avait pas envie de prendre le risque, parce que ce risque-là, il était trop fort !

Parfois je regrette de ne pas leur avoir dit, mais c’est tellement risqué de le dire à ma famille. Je sais qu’ils risquent de me garder à la maison. Mon père serait carrément prêt à m’enchainer dans ma chambre quoi, jte jure.

Elle éclata légèrement de rire avant de prendre une nouvelle gorgée de son verre de vin. La blonde avait longtemps hésité mais finalement, elle se disait qu’elle avait pris la bonne décision. Un jour elle devrait le leur dire, mais quand la maladie commencerait à faire les premiers dégâts, ça serait encore le bon moment.
En tous cas, savoir que son ami était sur la même longueur d’ondes lui faisait du bien. Elle avait la sensation de ne pas être toute seule, d’avoir même la chance d’avoir un véritable allié dans tout ce bordel. Quelqu’un qui la comprenait complètement, pas comme Emmett. Bien sûr Emmett était au courant, mais ce n’était pas la même chose, elle ne pouvait pas en parler comme avec Hélio.
Quand Hélio l’interrogea par rapport à Emmett, la jeune femme réfléchit avant de lui répondre :

Ben en fait… Je vois bien qu’il s’inquiète parfois, qu’il se pose des questions, mais il ne m’ennuie pas avec ça. Parfois il y a des tabous, des trucs qui le gênent mais on n’en parle pas vraiment. Après il m’accompagne même dans certaines de mes folies, alors c’est cool.

Mais Taelyn était heureuse qu’il l’accompagne, heureuse qu’il ne la prenne pas pour une tarée. C’était important pour elle de garder cette complicité avec lui.

@Héliodore O'Toole

Between sick people ft Taelyn

Buvons, chers amis, buvons : Le temps qui fuit nous y convie ; Profitons de la vie Autant que nous pouvons - Molière

Avant Taelyn, j’ai déjà rencontré d’autres malades, qui m’ont déjà parlé d’une liste de ce genre, mais il n’y a bien que depuis que je fréquente l’institutrice, que l’idée d’en faire une à mon tour, me fait vraiment envie. Toutefois, je ne saurais même pas quoi vouloir faire : l’inconvénient d’être riche de naissance, et d’avoir rapidement pu réaliser la moindre de ses lubies. Je n’ai certes pas tout fait, il y a des choses sympas que je ne connais pas, et que je n’ai donc pas pu faire, mais le problème sera d’apprendre l’existence de tout ça ! Quoi qu’il en soit, je ne peux que comprendre ma comparse, aussi bien pour sa liste, que pour sa crainte que mettre sa famille au courant de sa maladie, ne motive celle-ci à l’empêcher de profiter de sa vie. « Tu comptes leur en parler, une fois ta liste entièrement réalisée ? », que je finis par demander. Après tout, son père pourra alors toujours l’enfermer dans sa chambre, ainsi qu’elle s’était amusée à le dire. Et pour le coup, j’ai éprouvé comme un pincement au cœur, pour une raison conne et idiote : mon père est mort. Une telle chose, un tel instinct de protection, il ne pourra plus le ressentir à mon encontre. Et j’ai passé de longues années – après le divorce parental - à croire qu’il n’en avait rien à faire, de moi. Chose que je regrette grandement, désormais. « C’est mieux qu’ils l’apprennent par toi, que par une tierce personne, ou quand il sera trop tard. » Oui, je fais ce qui ressemble à un sermon, ça m’arrive, parfois. « Je comprends et valide parfaitement ton point de vue, te méprends pas ! », je tiens à la rassurer sur cela, avant d’enchaîner : « Je sais juste ce que ça fait, d’apprendre trop tard une vérité qui aurait pu changer bien des choses… » (Je sais, je mérite des claques, pour dire une telle chose, alors que je refuse de dire à Théo dans quel état se trouve mon cœur !) Pour le coup, elle ne doit pas forcément comprendre de quoi je parle. Car si on parle beaucoup, tous les deux (oui, on ne fait pas que s’envoyer en l’air !), j’ai toujours évité de trop parler de ma famille, ou de ma vie privée. J’ai confiance en elle, il se trouve juste que je n’aime pas forcément parler de telles choses, pas même avec mes meilleurs potes !

En parlant de meilleurs potes, je finis par demander à la maîtresse d’école comment son confident a réagit face à la nouvelle de sa maladie. Et je suis soulagé d’apprendre qu’il est là pour l’épauler, ainsi que je le lui fais savoir : « C’est bien ça ! C’est essentiel d’être entouré de ses proches. » Et par proches, je veux dire quelqu’un qui nous connaît depuis avant la maladie, si nous n’avons pas connaissance de celle-ci depuis toujours. Tout en poursuivant la conversation, je me lève, afin de partir en quête de ma chemise (oui, je suis parfois frileux, c’est ainsi !) : « Il t’a suivi pour faire un truc de ta liste ? » A sa place, j’aurais immanquablement entraîné mes potes, pour m’aider à exécuter quelques points de ma liste. Ayant désormais remis ma chemise sur le dos, je retourne vers le lit, et lance une idée qui m’est venu ces dernières minutes : « Si un jour, tu cherches quelqu’un pour te suivre dans un objectif à remplir, je suis partant ! » Tout dépend, bien entendu, de ce qu’elle voudra faire, mais je me dis que ça peut être intéressant, après tout ! Et me voilà ainsi assis de nouveau sur le lit, à côté d’une des rares personnes sur terre capable de me comprendre véritablement.

©crack in time