(m/libre) bob morley - I'm hoping that after this fever I'll survive.

Tu n'as rien à prouver. Absolument rien. Tu es là parce que tu l'as mérité. Parce que tu occupes une place qui est la tienne. Si quelqu'un y voit une objection, il n'a qu'à prouver que tu n'as pas les capacités. En attendant, tant qu'ils n'y seront pas parvenus, ces mecs ont juste un sacré problème avec ce qui leur sert de virilité.

Elle avançait, la tête haute, s'évertuant à contrôler le moindre de ses mouvements pour frapper fort et pour cumuler le maximum de points. Le rêve de toute une vie. Des années d'entraînement, de tests sportifs et psychologiques pour en arriver là où elle était. Première femme à intégrer la brigade de police aéronautique. Mais aussi première femme à intégrer l'équipe la plus misogyne, aigrie et stupide de la Terre.
« Fais pas trop la maline, blondie. » venait de lui lancer gregor pendant l'entraînement. Une provocation. Romy était plutôt douée dans le domaine. « ah, parce que j'ai une tête à m'appeler blondie ? calme tes hormones tu veux, je ne suis pas la petite donzelle que tu vas récupérer soûle à la sortie des bars pour avoir la moindre chance de ne pas dormir seul, le soir. allez maintenant pousse-toi, tu me gênes. » et sur ce, elle le poussa d'un franc coup d'épaule, s’accommodant parfaitement des rires des garçons peu scrupuleux qui les entouraient et qui constataient la piètre performance de leur homologue masculin.
la fierté en travers de la gorge, gregor s'était présenté à elle, deux heures plus tard. romy s'était dès le départ appropriée un coin des vestiaires masculins, en contre-plongée, souhaitant se changer chaque matin en toute intimité.
un coin de paradis pour tout petit con qui avait pour lubie d'aller frapper une jeune femme par souci de rivalité professionnelle. et pour être courageux jusqu'au bout, il était venu accompagner de six autres gradés. un homme, un vrai de vrai.

« je t'avais dit de ne pas faire la maline. »
un passage au tabac dans les règles de l'art.

Une heure à s'arranger le portrait dans le miroir, un vieux tee-shirt à la mais, seule, à vingt et une heure, dans ce vestiaire mal éclairé par le néon épileptique. Le chemin du retour n'était pas long, en soi. Il semblait toutefois plus compliqué de l'emprunter avec des ecchymoses.  « bonsoir. » Il ne lui restait plus qu'à s'excuser. S'excuser d'être en retard pour le dîner, s'excuser de l'avoir inquiété. Ce pauvre père handicapé qui n'avait pour seul but dans la vie d'espérer que sa femme allait rentrer le soir, tant il était inquiet à l'idée qu'elle aille poursuivre ses rêves d'actrice déchue et ne jamais revenir. S'excuser à la place de ceux qui s'étaient décidés à lui offrir une séance chirurgie esthétique maison. C'est alors que ce père soucieux attrapa avec douceur le menton de sa fille pour observer l'hématome qui fleurissait au coin de sa bouche.

« les entraînements sont rudes. j'ai jamais autant chuté. mais demain, ça sera tout autre chose. je ne suis pas en sucres, moi ! » ajoutait l'intrépide romy, enjouée.

Elle n'a jamais su s'il l'avait vraiment crue. Elle l'espérait. Le cœur de son père était fragile. La dernière chose qu'elle voulait faire était de le briser. De façon intentionnelle ou non.