encre noire // bens

Invité

(encre noire)

Tout semblait s'effondrer autour de la constellation. Le ciel gris, les gens qui vont et viennent et l'ignorent, lui le gamin aux cheveux ébènes et au regard noir. Il ne savait même pas ce qu'il voulait, ni même ce qu'il faisait, c'était comme si quelqu'un prenait le contrôle de lui même. La colère l'avait envahi, il ne savait plus ce qu'il faisait. Sirius avait perdu le sens de sa vie, il ne savait pas ce qu'il faisait. Son avenir, il n'en voyait plus. A quoi bon chercher un avenir? Et pourtant, il déambulait dans les rues de Portland, il allait voir le frère aîné de sa famille d'accueil? Pourquoi? Pourquoi voulait-il aller voir les Goldstein? Il avait préféré partir, vivre avec son frère Cléo. Sa famille biologique, peu importe ce qu'il avait fait. Il avait un sentiment de liberté, promesse d'une vie scintillante.

Mais Sirius n'allait pas lui rendre visite par courtoisie. Non, il avait décidé de lui faire les poches. Là encore une fois, il n'avait pas aucune idée pourquoi. Peut être c'était une vengeance qui se tramait dans sa tête embrouillée. Il mélangeait tout. Fumant une cigarette, Sirius se dirigea tout naturellement vers le bureau de son frère. D'un coté, il le voyait comme un frère, de l'autre, simplement un étranger qui l'avait accueilli. Et il ne savait plus quoi penser. Il ne savait plus rien. Mais il était là, en train d'observer Bens tout en fumant sa cigarette, sans rien dire. Tel un fantôme, il errait. Le monde était son terrain de jeu. Et il n'était qu'un enfant qui voulait les jeux pour lui tout seul.

( Pando )

ses mains travaillant l'ébène, bens se trouvait déconnecté du monde extérieur. ce monde rempli des tourments d'un quotidien trop pesant. il n'y avait que dans son atelier qu'il trouvait la légèreté suffisante à faire s'épanouir l'inspiration de son art. bens ancien avocat déchu, converti en ébéniste à la réputation à conquérir. et s'il avait troqué le costume pour le tablier, bens n'en était que ravi. fatigué de vivre sur les bases d'un passé mensonger, il comptait se bâtir un avenir plus reluisant. combien même les débuts seront difficiles, il continuerait sur cette nouvelle voie qu'il tente de se tracer. parce que pour la première fois de sa vie, il se sent enivré d'une passion qui le dépasse, il retrouve les sourires d'une envie de vivre alors que le noir lui colle aux yeux. pris au piège de la concentration des machinaux, bens n'avait vu la lumière s'amenuiser laissant place à la grisaille des jours moroses. ce n'est que lorsque sa lame a finalement tracé le dernier sillon qu'il s'autorise à relever la tête, sa nuque endolorie. et il ne l'aperçoit pas tout de suite, ce visage familier qui le toise au dehors. cette mine quelque peu blafarde qu'il reconnaît à peine dans la brume fumeuse de sa cigarette. pourtant un sourire éclair écarte ses babines. d'un geste furtif de la main, bens l'invite à faire le tour et entrer. musique éteinte, il vient écraser ses mains sales contre son pantalon de travail le temps qu'il le rejoigne.

sirius qu'il n'avait pas vu depuis trop longtemps. ce môme devenu frère pendant quinze année, disparu dès que l'espoir d'une famille lui a été retrouvé. bens qui a grandi au sain de cette fratrie éparse, lui qui a vu ces gosses venus d'ailleurs fouler le parquet de sa maison. c'est qu'il y en a eu bon nombre de ces gamins paumés en quête d'un réconfort incertain, mais seul une poignée s'en est détaché. dont sirius qui lui a soutiré quelques peines lors de son départ précipité. ça fait plaisir de te voir, qu'est-ce que tu fais dans le coin ? bens, tout sourire, ne feinte pas son ravissement. il vient lui claquer la joue d'une bise affectueuse alors qu'il réserve des fortes poignées de main à ceux qui d'ordinaire viennent déranger son labeur.

@sirius amstrong