vague à l'âme. // lee saejin

VAGUE À L'ÂME.
ft. @lee saejin.

ça tourne. ça tangue,
c'est flou, rien d'stable.

tu sais pas vraiment quelle heure il est, tu n'sais pas où t'es. tout c'que tu t'souviens c'est d'ugo et d'ses mirettes azures qui t'suppliaient d'venir, à cette soirée, d'venir te changer les idées. parc'que t'as cru qu'il avait raison, ugo, de te dire qu'il fallait pas s'attarder sur diego. qu'il fallait lâcher l'affaire, qu'il fallait pas forcer. t'y a cru, l'moral dans les chaussettes, l'moral encore déglingué, l'moral chamboulé. t'arrives pas à assimiler c'trop plein de nouveautés. alec, ton frère, tes sentiments grandissants et omniprésents pour diego. maman qui semble être là, exister encore. vivre tel un fantôme. alors, timeo, dans ton inconscience adolescente, t'as un peu trop bu, c'soir. tu t'es dit qu'ça t'ferait pas de mal, de t'changer les idées. d'souffler, d'oublier. mais ça a été pire, en réalité.

ça tourne. ça tangue,
c'est flou, rien d'stable.

l'alcool dans tes veines, des relans lointains de substances encore trop méconnues et tout c'bordel qui t'revient en tête quand tu finis par t'éloigner. tes émeraudes qui s'arrêtent sur diego, sur son regard singulier, ancré en toi comme pas deux. un soupir, tu secoues la tête. pas ce soir. pas ce soir, t'as pas envie d'jouer, ce soir. parc'que ça va pas, ça tourne pas rond. pas c'soir, diego. pas maintenant. qu'tu soupires, à deux pas d'lui, les yeux dans l'vide. dans une autre vie, p't'être, c'est toi qui l'a dit. tu disparais dans la foule, tu disparais dans la rue. il pleut, il fait froid. ça tourne, encore, trop.

t'avances dans la pénombre, dans les rues mal éclairées. mais t'en a rien à foutre. une cigarette au bec, l'monde qui semble tanguer. t'as l'mal de mer, t'as l'cerveau qui suit pas vraiment, et tu t'asseois, tim. cinq, dix, quinze minutes, peut-être même une heure, parc'que tu t'sens pas piquer du nez, gamin, épuisé.

épuisé moralement.
perdu entre tes pensées et tes sentiments.

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if you see someone drowning, help him to swim. feat
@Timeo Kostas

Si un jour, on lui avait dit qu'un instinct protecteur était camouflé derrière sa ventricule gauche : elle aurait ri au nez de celui ou celle qui oserait prouver qu'elle avait une faiblesse caché. Parce que oui, on lui avait appris dans un milieu restreint et coupé du monde que tout sentiment autre que le bonheur qu'elle avait de travailler sur un exercice compliqué à déchiffrer, était sanction d'un désir interdit dont elle ne pouvait qu'en fantasmer secrètement. L'envie d'aimer et d'être aimée en retour, en faisaient partis. Peu importe ce sentiment qui rongera sans prétention dans quelques années son cœur, le rappel presque égoïste de sa mère pour la retenir de tomber dans un faussée sans échelle, sonnera comme l'une de ces alarmes pénibles pour la remettre sur le droit chemin. Par faute, cette musique infâme n'arrivera pas en cette nuit où tard le soir, Saejin revenait tout juste de son stage qui, il faut l'avouer, l'avait plus épuisé que d'entendre la mélodie malsaine d'un cri féminin au téléphone.

C'est sur ce trottoir que presque personne - à cette heure où les deux aiguilles se sont presque touchées, ne s'entrecroise que Saejin marchait en direction de son appartement à plusieurs quartiers différenciés. Fatiguée était-elle, si bien que ses paupières commençaient à devenir plus lourdes que le poids de ce lampadaire qui éclairait sa silhouette féminine innocemment. Elle rêvait de sauter dans son petit lit pour se faufiler sous ses draps lamentés de solitude afin d'y fermer les masses de ses yeux. Pourtant, cette envie s'évapore au fur et à mesure que ses pas s'accéléraient non pas vers la lueur au coin de la rue, mais pour fuir la pluie qui commençait à postillonner sa queue de cheval dont elle s'empresse de défaire afin de délaisser l'envie animalière de ses mèches se retourner contre son visage pâli. Et lorsqu'elle commence à sentir le froid dans ses traits, elle se calme quelques secondes pour refermer les boutons de son long manteau permettant de compresser le peu de chaleur, sur elle. Par la suite, elle redresse sa petite tête et s'apprête à reprendre sa course presque ridicule vers le prochain tournant. Cependant, quelque chose venait à l'arrêter brusquement. Ce n'était pas ce chat lambda et grossier qui avait tendance à s'essuyer un peu trop sur sa cheville qui ronronnait, ni cette branche d'arbre à sa gauche qui craquait comme les bruits d'une biscotte craquelée sous des mâchoires d'acier, mais un son dont la provenance était une ombre recroquevillée sur elle même du côté opposé où elle était.

La luminosité avait soudainement baissée, et elle était partagée entre l'idée de s'approcher ou de fuir des responsabilités qu'elle s'apprêtait à prendre si ce "si" revenait la chercher. Et si, tu devenais la proie d'un sentiment d'accroche sentimentale qui se résume à la protection presque maternelle qui se cache en toi, pour cette silhouette dont tu ne connais même pas la face ? Il lui fallût que trois secondes pour comprendre que ses pas de course venaient de répondre pour elle. L'expression sur son visage se fit de plus en plus inquiète au fur et à mesure que la distance de route qui les séparait, se rétrécissait pour enfin voir ce jeune inconnu, amoché sans doute par un goût d'amertume mixé entre l'alcool et une ligne de vie à cocaïne dont elle eut la facilité de deviner au vu de ses expériences qui ne s'arrêtent qu'à vue d’œil. Ce garçon se noyait mentalement, et peut-être que cette eau qui montait presque ironiquement sous leurs semelles accélérait cette envie de l'aider à remonter. Saejin s'accroupit face à lui, hésitante à le toucher pour signaler sa présence qui lui est encore inconnue. Elle finit par glisser les épaulettes de son manteau personnifié ici dans une métaphore de gilet de sauvetage sur les siennes, – Tu vas attraper froid si tu restes ici, comme ça, sous la pluie. puis elle se penche un peu plus pour découvrir ce visage enfantin bavé par la fumée de cette cigarette qu'il coinçait encore entre ses lèvres. Elle fixa quelques instants la couleur rouge au bout de ce bâton presque déchiré par la pluie, avant de déposer ses maigres doigts autour de ce dernier – Je ne pense pas qu'elle t'aidera à te réchauffer. puis elle le jeta par le petit trou qui ornait la plaque d'égout entre eux. Elle arbora un sourire, qui n'avait rien de moqueur mais tout de douceur lorsqu'elle essayait de capter son regard pour analyser à quelle échelle il pouvait encore capter ses paroles.

VAGUE À L'ÂME.
ft. @lee saejin.

t'as pas vraiment réfléchi, t'as pas eu qu'des pensées abouties, ce soir. elles étaient loin, les pensées mûrement réfléchies, les pensées qu'on laisse d'côté une fois d'temps en temps. c'que toi, tu fais trop souvent, timeo. t'es pas dans ton élément, gamin, t'es perdu, tu sais plus vraiment comment agir convenablement, ne pas agir convenablement. t'as envie d'jeter l'éponge, ce soir. t'as pas envie d'encaisser la vérité.

pourtant, tu crois qu'ça serait plus facile, parfois.
ça serait plus facile d'tout rayer, tout chiffonner et d'recommencer.
ça serait plus facile d'changer d'nom, d'vie, d'existence et d'envoyer chier l'monde entier.

timeo, t'es perdu dans l'temps, dans l'espace. t'es recroquevillé dans l'noir, t'es recroquevillé contre toi-même, tes genoux ramenés contre ta poitrine, les yeux dans l'vide. absent. loin. à distance raisonnable d'tout c'bordel sans nom. t'es perdu entre ces mots qui s'entrechoquent, ces mots qui s'rentrent dedans. elle est vivante. les mots d'alec. les mots rassurants, qui brisent la glace, font fuir l'blizzard, déjouent la trajectoire fatale du titanic sur l'ice-berg. les réactions d'diego, ses mots aux effets rasoirs. c'est trop dur à comprendre, trop dur à assimiler. tu fermes les yeux, tim. tu veux pas réfléchir, tu veux qu'ces putains d'pensées malsaines disparaissent de ta tête, tu veux sourire. tu veux t'sentir comme tu t'sentais, avant qu'tout ça n'arrive.
bien. heureux.
la joie d'vivre aux lèvres, au coeur.

et tu sais pas, kostas, tu sais pas si c'est les effets d'l'alcool, si c'est les effets d'ces liquides assassins dans tes veines. mais faut croire qu'ça tourne pas rond, faut croire qu't'arrives pas à positiver, à t'dire qu'ça ira. t'es assis, tim, dans l'noir d'l'hiver qui s'installe peu à peu sur portland. y a l'froid qui t'mord les joues, la pluie qui s'rajoute, qui t'aide pas vraiment, tes boucles qui t'collent à la peau, qui t'brouillent un peu plus la vue. et la chaleur, d'un coup. la chaleur sur tes épaules, et tes mirettes qui s'animent, malgré toi, qui viennent croiser les prunelles abysses de ton interlocutrice, doucement. j'crois que c'est déjà fait. que tu souffles, gamin, la clope entre tes lèvres qui disparait instantanément. la clope entre tes lèvres qu'tu vois voler, d'un coup, comme ça. s'envoler comme c'putain de destin qu't'essaies d'trouver, d'comprendre. c'chemin à suivre qui semble changer perpétuellement de direction. ça tournait un peu trop fort.. qu'tu soupires finalement, l'enfant. ça t'paraît médiocre, ça t'paraît stupide, dit comme ça. mais faut croire qu'c'est la vérité. j'voulais juste oublier... tu baisses les yeux, tu la regardes plus, l'inconnue, en face d'toi. tu t'sens mal. tu t'sens idiot, naïf, immature.

p't'être bien qu'il a raison, diego.
s'rait temps qu'tu grandisses un peu, timeo.

if you see someone drowning, help him to swim. feat
@Timeo Kostas

Elle savait rien qu'à l'observer, devant ce dernier recroquevillé, que tout allait mal ; que le monde s'écroulait sans doute au vu de cette bouille humide probablement de larmes camouflées par celles de la pluie ; que l'odeur qui ressortait de son aura, était l'hétérogène d'un alcool et de mélancolie ; que ses souhaits pensaient être exaucés dans un oublie éphémère. Et ça, petit homme, Saejin a connu un semblable peut-être de façon plus prude que celle que tu as utilisé pour être arrivé là, sur ce trottoir.

C'est pour quoi, la jeune femme qui venait d'attirer ne serait-ce une seconde ses prunelles à elle, tentait à nouveau de le sortir de la noyade en arborant ce sourire qui peut réchauffer un cœur gelé de part à son impact. – Tu sais,... , elle s'accroupit à ses côtés, même hauteur, même distance, le corps trempé par l'eau par laquelle elle avait dû nager pour le ramener tant bien que de mal à la réalité. – ... Si tu veux oublier un fait et des sentiments négatifs, l'alcool et la ..., elle jeta un dernier coup d'oeil sur la plaque d'égout par laquelle, elle avait jeté le petit bâtonnet presque déjà déchiqueté, – la cigarette, peuvent le faire. Mais seulement pour quelques heures. Si tu veux de vraies solutions, quelque chose qui réglerait tous tes problèmes, il n'y en a pas cent milles mais trois., peut-être qu'elle parlait dans le vent qui souffle encore sur leur peau pâle, peut-être qu'il n'allait pas comprendre la venue de cette inconnue, mais il est sans doute bien trop ivre et blessé intérieurement pour contredire son aide.– Si tu veux bien me suivre, me faire confiance juste pour cette nuit, je te les dirais. En attendant, je te demande juste de te lever et de m'aider à trouver un pub ouvert à cette heure tardive - ou quelque chose de similaire, où tu pourras boire autre chose que cette haleine.. Et elle saisit doucement - peut-être même trop par peur de briser ce corps qui lui semblait fragilisé et brisé - sa main, pour ainsi le tirer hors de cette bulle malsaine en essayant de garder son équilibre si jamais il titubait.

– Je m'appelle Saejin, et toi ?, lui posait-elle une fois qu'il avait réussi à se redresser, si c'était le cas et qu'il ne lui avait pas refusé de saisir cette main qui ne pouvait que l'attirer dans du bon. Une question qui, on l'espère chers lecteurs, ouvrira sur une amitié hors de la banalité.