Midnight visit ∞ ft. Anil

'FEELS LIKE A SILENT SEA

∞

Minuit trente-huit. La ville plongée dans l'obscurité poignante, synonyme de sommeil éternel pour certains, d'ennui morose pour elle et ses talons qui ne cessaient de claquer contre le sol goudronné. Minuscule soupir, yeux posés contre la douceur de cette veste dans laquelle son nez était emmitouflé. Tendresse de l'enfance, elle vint blottir le bout de sa joue contre l'agréable tissus semblable à du coton, les prunelles de miel devenant suie tant la nuit était vaste et sans étoiles. Toutefois, tout était si calme, silence religieux, agréable pour les personnes dotées de ces pensées chaotiques intenables, dont le sommeil n'était jamais réparateur. Il faussait compagnie, quittant son lit avant même d'y poser ses deux oreilles. La louve perçu au loin la lumière d'un phare de voiture, cela l'éblouit, elle tourna la tête en plissant les yeux, baissant ses prunelles en direction de son téléphone portable. Une fois de plus, son escapade nocturne la menait devant cette supérette, abri de la solitude qu'elle prônait aimer mais qui en cet instant était juste l'un des cauchemars qu'elle fuyait lâchement, abandonnant son domicile. Une maison qui n'en était plus vraiment pendant une de ces sombres heures. Lupa rouvrit la porte, faisant sonner la petite cloche, rappel de visiteurs, mélodie qui lui rappelait qu'elle était arrivée, qu'elle se perdrait dans une quelconque sucrerie pendant de nombreuses minutes. Semblable à une éternité non dure à porter sur ses frêles épaules. Elle s'avança, distinguant sa silhouette au loin, ses petites lunettes sur le haut de son nez. Elle passa, fantôme muet parcourant les rayons, se posant pour se prendre des biscuits au chocolat et au lait et une bouteille d'eau, c'était suffisant, pour le moment. « Hey, comment tu vas, t'as l'air... en forme. Un peu fatigué peut-être ? » Premier contact, elle lui offrit un simple sourire, posant ses achats sur la place prévue à cet effet. Ce n'était pas la première fois. Ce n'était pas la dernière. Elle venait si souvent en cet endroit qu'elle pouvait constater les moindres changements, le pendentif accroché contre le comptoir, par exemple. Elle le prit entre ses doigts fins, presque trop blancs, elle paraissait un peu pâle. La pulpe de ses phalanges traça le contour de l'objet, distinguant quelques lumières peintes au fond. « C'est nouveau ça. On te l'a offert ? » Elle questionna, le ton doux, tombant sur la conclusion évidente qui la fit relâcher le minuscule accessoire. « Wow. Je viens un peu trop souvent j'crois... Je te prendrai ces deux petits trucs, si tu veux bien. » Revenir à son abri d'insomnie, une fois, deux, trois... si souvent, qu'il en devenait presque son deuxième chez sois.

the darkest nights
produce the
brighest
stars

SIAL ; icon tumblr

@Lupa Ødegård

ils sont furtifs les astres artificiels qui filent les rues et crèvent les ténèbres de leur halo chatoyant. ils rasent les murs et découvrent les visages des rats qui courent les caniveaux. ils sont cancer quand la belle argentée les berce de son éclat flétri. le pas silencieux, la gueule ouverte, ils s’immiscent dans les recoins sombres et hostiles des villes endormis. l’essence même de leur existence semble reposer sur l’errance éternelle, la promesse d’une aube salvatrice, d’un lendemain dépourvu d’angoisse et de sueurs froides. bien souvent, ils s’échouent en charpie dans les échoppes avec au cœur, l’envie irrépressible de chaleur humaine, mais ils s’enferment dans un mutisme presque machinal, quelques hochements de têtes, des râles indescriptibles, rien de plus, rien de moins. il les voit anil, l’âme à la mer, incapable de s’arracher à la houle destructrice, ils l’embrassent, un poil forcé, avec l’incertitude d’y survivre, de s’éveiller aux dernières heures du jour, quand les oiseaux diurne s’en vont dans leurs nids perchés si haut que la misère ne semble plus les atteindre. et il y a la vie. elle flotte et peint l’air d’un millier d’exquises couleurs. le neftet, il se régale des paroles légères qui ponctuent les nuits trop longues. des rencontres impromptues qui s’étendent jusqu’aux petites heures du jours et ne prennent fin qu’une fois la belle ambrée lovée au creux de sa nébuleuse. les esquilles fluettes et soudaines l’arrachent à ses rêveries. sa silhouette élancée lui apparait comme une chimère inespérée. il sourit, de toutes ses dents, un rictus si prononcé qu’il s’en décrocherait presque la mâchoire. sa crinière soyeuse jaillit en cascade, ses prunelles précieuses balayent les quelques détails bien souvent ignorés du monde, et son visage, son visage à la douceur nonpareille est une caresse au cœur. elles ondulent, ses lippes, et sa voix en délicieuse mélodie résonne à son oreille comme une soirée sauvée in extrémis. « tu viens si souvent que je me demande si c’est pas toi qui fait notre chiffre d’affaire » qu’il laisse échapper en un rire furtif « t’embêtes pas, c’est la maison qui offre » un rien dans l’univers. elle est éclatante, lupa, une nova bien loin de chez elle. « c’est si flagrant, la fatigue ? » elle se niche au creux de ses yeux et semble y avoir trouvé une demeure des plus confortables « qu’est-ce qui t’amène ici, cette fois-ci ? » la solitude, l’envie d’ailleurs, de respirer, de se laisser envahir par les ténèbres et son silence reposant.