Hey sister ! (Alice)

Hey sister ! ft @Alice O'Toole

Une famille c'est comme un jardin, si on n'y fout pas les pieds ça se met à pousser à tire-larigot, ça meurt d'abandon. - Serge Joncour

Voilà 2 semaines que je n’ai plus vu Théo, suite à l’anniversaire de son frère. Deux semaines donc que je m’efforce de m’occuper l’esprit, me tuant au travail, plus qu’à mon habitude. Hier, avec le club de littérature, nous avons fait un escape game, qui m’a fait un bien fou. Et aujourd’hui, en ce morose dimanche de septembre, je m’apprête à avoir la visite d’Alice, une de mes sœurs, celle dont je suis le plus proche, et ce, depuis toujours. Il nous arrive régulièrement de nous retrouver comme ça, chez l’un ou chez l’autre, pour un petit repas, durant lequel on parle de tout et de rien. Et aujourd’hui, c’est moi qui reçois, et donc, moi qui suis aux fourneaux. Je suis loin d’être un grand chef, j’ai toujours préféré le sport à la cuisine, mais à cause de ma maladie, j’ai dû abandonner le sport, et même la cuisine m’est parfois compliqué. Pas simple de cuisiner correctement, quand nos muscles font parfois des siens, entravant notre capacité à se mouvoir correctement. Mais je tiens à le faire, même quand mon corps proteste trop : ça fait office de rééducation naturelle, et ça m’aide à conserver mon indépendance. Si je n’ai pas fait un repas très recherché, il y a quand même de quoi faire plaisir à Alice. Je connais ma sœur et sait ce qu’elle aime ou pas ! Il faut bien qu’il y ait un intérêt à cuisiner, et qu’est-ce qu’il y a de mieux, que de faire plaisir à ses proches ?

Le dessert est encore dans le four, en train de cuire, histoire d’être encore chaud quand viendra l’heure de le déguster. C’est à ce moment-là que ma sœur sonne à la porte. De la cuisine, (que je ne peux quitter, étant en train de terminer l’élaboration de l’entrée), je me contente de lui lancer un : « Entre, c’est ouvert ! ». Oui, ça pourrait être quelqu’un d’autre, mais au vu de l’heure qu’il est, ça serait un comble que ça ne soit pas Alice ! Et en effet, c’est bien ma sœur qui ne tarde pas à ouvrir la porte de mon appartement. Passant en me penchant quelque peu afin que, même en restant affairé en cuisine, elle puisse voir ma tête, par la porte de celle-ci tout en se trouvant dans le couloir d’entrée, je la salue d’un signe de la main, tout en lui demandant : « Alors, ça va ? », avec un grand sourire aux lèvres. Il n’y a bien qu’Alice qui soit capable de me faire sourire, rien que par sa présence. Alors même qu’elle sait tout de moi, dont ma récente séparation avec Théo (et qu’elle n’approuve pas du tout ma liaison avec la jolie rousse !) Elle ignore cependant pourquoi j’ai réellement quitté la St James, que ça n’est pas uniquement par peur de perdre les amitiés d’Alphée (fiancé de la rousse), et d’Othello (frère aîné de cette dernière), ni parce que nos deux familles se détestent depuis toujours.

©crack in time

Alice travaille toujours autant. Elle n'a que ça dans sa vie, au fond. Pas d'homme, ça ne fait pas partie de ses projets. Elle les attire, oui, mais ils ne l'attirent pas... Il y a toujours quelque chose qui la dérange chez eux, quelque chose qui fait qu'elle ne peut rien envisager de plus. Elle en a bien un en tête, mais elle est dans un déni total. Ses amis les plus proches ont sûrement compris de qui il s'agit, jugent peut-être même que ça ne serait pas sage qu'elle se rapproche de lui de cette manière. De toute façon, elle ne le fera pas. Elle ne le peut pas, ce n'est pas éthique du tout. Elle y pense, beaucoup, si bien qu'elle perd du temps dans ses dossiers en cours. Elle ne se concentre pas comme elle le devrait, Alice. Heureusement, la journée touche bientôt à sa fin et elle va aller dîner chez son frère. Ça lui fera du bien de le voir. Elle l'adore, mais... Elle ne cautionne pas tous ses choix, un en particulier. Sa situation amoureuse. Elle ne devrait sûrement pas le juger à ce niveau, mais elle le fait quand même. Des familles qui ne s'entendent pas, depuis presque toujours. Et puis... Personne n'est assez bien pour son frère. Elle le couve, quand bien même c'est lui l'aîné. Ça ne les empêche pas d'être proches malgré tout. Bien élevée, Alice lui apporte des chocolats parce qu'elle n'aime pas non plus arriver les mains vides. Elle conduit jusque chez lui, c'est quelque chose qu'elle n'aime pas déléguer. Comme si la conduite lui donnait un peu le pouvoir qu'elle a l'impression d'avoir perdu en même temps qu'un de ses procès. Ça la détend. Elle se gare non loin de chez lui, puis va jusqu'à sa porte avec la petite boîte en mains, son sac à main sur l'épaule. La température commence à se rafraîchir. Elle sonne à sa porte, et elle l'entend au travers, lui dire d'entrer. Elle s'exécute, fait comme chez elle. Elle dépose son manteau dans l'entrée, retire ses chaussures à talons qui lui font un mal de chien. « Salut ! » lance-t-elle dans l'appartement, avant de s'approcher. Elle voit sa tête dépasser de la porte de la cuisine, et fait quelques pas pour aller jusqu'à lui. « Ouais ouais. » répond-elle seulement à sa question. Y a toutes ces choses qui pèsent sur sa conscience, malgré tout. Il le sait, son frère. « Et toi ça va ? Tu veux que je t'aide ? » demande-t-elle, déposant un baiser sur sa joue avant de lui montrer la boîte de chocolats.

Hey sister ! ft @Alice O'Toole

Une famille c'est comme un jardin, si on n'y fout pas les pieds ça se met à pousser à tire-larigot, ça meurt d'abandon. - Serge Joncour

Alice n’a pas besoin de me le dire, je la connais assez pour savoir qu’elle ne va pas aussi bien qu’elle le dit. Elle prend les choses très à cœur, notamment son travail, et celui-ci la confronte souvent à des choses difficiles. Cet aspect de sa personnalité est aussi bien une qualité qu’un réel défaut. Mais je ne lui jette pas la pierre, je suis pareil, d’une certaine mesure. J’aimerais juste la préserver de certains aléas de la vie, parce que… Et bien, je suis un imbécile parfois trop protecteur envers les miens, c’est ainsi. Je ne cherche pas à en savoir plus pour l’instant, estimant qu’on aura bien le temps d’en reparler, lors du repas. Et si jamais Alice veut se confier, elle sait qu’elle peut compter sur moi. « Ca va ! ». Douce réponse que je lui apporte, tandis qu’elle est venue me rejoindre pour me saluer, et me proposer son aide. Mensonge innocent, nul besoin qu’elle sache à quel point j’ai simplement l’impression de vivre au ralenti, depuis que j’ai mis un terme à mon histoire avec une jolie rousse. Bon, elle sera mise au courant de cette rupture, je vais lui en parler, mais pas besoin qu’elle découvre que j’en souffre autant. « Oh, ça accompagnera parfaitement le café ça, merci ! », dis-je, tout en souriant, en voyant ce qu’elle a amené. « Et je ne dirais pas non à ce que tu mettes la table, j’ai pas encore eu le temps ! » J’ai eu quelques imprévus qui m’ont retenu en cuisine plus longtemps que prévu, bien que tout sera prêt d’ici peu. Je n’indique pas où se trouve les couverts et assiettes : Alice connaît les lieux, depuis le temps !

« J’ai fais le gâteau au chocolat que t’aimes tant ! », fais-je savoir à la brune. Bon, j’adore ce dessert également, je ne m’en cache pas ! Il était le gâteau préféré de notre père, je crois que cela joue grandement. Il n’était pas rare qu’on le prépare, avec lui, avant le divorce de nos parents. De chouettes moments, qui me serrent toujours le cœur, quand je le fais, aujourd’hui, seul. « Et tu seras ravie d’apprendre que j’ai rompu avec Théo. Pour de bon, cette fois. » Précision importante à ajouter. Car les ruptures entre la St James et moi ont été multiples, au cours des années passées. Et c’est bien la 1ère fois que je précise donc que là, c’est définitif. Et que je parais aussi déterminé à ce que ça soit bel et bien le cas. Tout en lui disant cela, je termine de dresser l’entrée, me demandant ce qu’Alice aura bien à dire à ce sujet, elle qui réprouve tellement mon histoire avec la rouquine.

©crack in time