'cause I'm lost in the way you move, the way you feel (aramis&william)

Un léger coup dans ses côtes. Aramis grogne. Il ouvre subitement les yeux et se redresse quand le coup est plus prononcé. Il étouffe un murmure de reproche avant de se faire tout petit quand le professeur le fixe. Il s’excuse rapidement avant de baisser la tête dans ses notes vides. S’il était dans cet état, c’était parce qu’il avait osé s’offrir un petit moment de détente qui s'était finalement étiré. Le moment était devenu une demie heure, une heure et puis on connaissait la suite. Il avait fermé les yeux pendant deux petites heures et comptait sur le cours le plus ennuyeux de son cursus pour se reposer. Mais la sieste aura été de courte durée. Alors un stylo en main, il s’évertue à ne pas laisser les paupières se fermer, à ne pas laisser Morphée venir l’étreindre. C’était compliqué. Le cours finit, il bailla avant de se frotter les yeux, pas gêné pour deux sous pour le professeur. Tel un somnanbule, il finit par se lever et par suivre ses amis dehors avec un objectif en tête, obtenir une potion magique. Ou à défaut de pouvoir exercer une quelconque magie, un gobelet de café. Il ne mit même pas sa casquette Mario sur sa tête et se contenta de la ranger dans son sac. Il s’en voudrait de se faire encore remarquer par son professeur. Elle réussit tout de même à lui arracher un sourire. Cette casquette lui ferait à tout jamais penser à Paul et à la brusque disparition de son jeu Mario Sunshine. Que le dieu des jeux vidéos ait son âme.

Il se frotta une énième fois les yeux avant de suivre ses amis hors de la salle. Sa journée de cours venait de se finir. La suite de sa journée était assez obscur. Il savait qu’il devait aller bosser au ciné cette nuit. Il essaierait de négocier une surveillance de salle, pour se permettre de somnoler ou bien actualiser ses mails, comme il en avait l’habitude depuis qu’ils avaient échangé leur adresse email. Il se faisait la réflexion souvent, parce que chaque chose qu’il pouvait faire le ramener au jeune homme avec qui il pouvait discuter sans jamais se lasser. Parler de la dernière musique qu’il avait écouté, de leurs journées, du dernier livre lu. Aramis eut un flash. Roméo et Juliette, c’était le titre du dernier livre qu’il avait lu. Et en y repensant, c’était pas aujourd’hui la réunion pour en discuter ? Parce que l'incorrigible romantique qu’il était, allait en avoir des choses à dire sur la torture que lui infligeait Shakespeare. À quelques secondes près, ils se retrouvaient. Foutu destin. Aramis accélère le pas, slalome entre deux poussettes et un couple. Il les regarde avec un soupire, avec une envie non dissimulée. À quoi bon se leurrer ? Il préféra cependant ne pas y penser. Parce qu’il avait ce même pincement au cœur à chaque fois, et surtout parce qu’il n’avait aucune envie d’être d’une humeur massacrante. Il lui sembla être le premier arrivé. Mais la porte était fermée. Il attend, fixe ses converses rouges, shoote dans une pierre avant de voir quelqu’un arriver. Curieux, il plisse les yeux. Des mois que sa mère lui dit qu’il aurait besoin de lunettes. Salut. Il répond avec un sourire en coin. Je ne te le dis pas, mais je le pense fortement. On a réussi à se tromper. Ses yeux croisent les siens. Il laisse échapper un petit rire, un peu gêné, ne sachant que faire. Mais on peut prendre de l’avance et quand même parler de ce livre, un café ? Il propose alors spontanément, en enfonçant ses mains dans les poches, ses doigts effleurant son téléphone. La tentation de voir s’il n’a pas un nouveau mail de Paul est forte mais il s’abstient. Parce qu’il se demande ce qu’il fait maintenant, s’il est en train de bosser, s’il pense à lui comme Aramis peut le faire. Mais il se dit qu’il aura le temps plus tard. Ça fait quelques mois maintenant qu’il est dans ce club de lecture, il serait peut être temps de briser la glace avec ses membres ? Un café serait une bonne idée. Sauf si t’as autre chose à faire, je comprendrais. Il ajoute avec un autre sourire. Parce que sourire chez lui, c’est comme une seconde nature.

Aramis était d’un naturel tête en l’air. Parce qu’il avait une mémoire très sélective. Il connaissait sa playlist par cœur, savait à peu près toutes les choses à savoir sur son correspondant mais il était incapable de se rappeler le prix d’une bouteille de soda ou l’anniversaire de sa tante. Il fallait d’ailleurs qu’il lui achète un cadeau et rapidement si la date qu’il avait en tête était la bonne. Il demanderait sûrement conseil. Le jeune homme lève les yeux de ses chaussures, hoche la tête. Tu travailles dans quoi ? Il demande finalement, sa curiosité piquée. C’était ça le truc, si on commençait à lui parler, il ne s’arrêtait plus. Et ça pouvait être sur n’importe quel sujet. L’étudiant laisse échapper un léger rire au commentaire sur ses chaussures. Ses chaussures qui lui avaient fait perdre le peu de crédibilité qu’il avait déjà. Tout sa vie, il se souviendrait s’être lamentablement vautré devant sa classe. Heureusement que sa victoire écrasante sur Fortnite avait su lui remonter le morale. Évidemment, il ne s’en était pas trop vanté auprès de Paul, deux ou trois fois, plus, il aurait sûrement boudé et Aramis ne voulait pas qu’il boude. Ses soirées sans lui serait bien triste et morose s’il ne lui parlait pas. Mais il avait gagné et sauvé sa réputation de dieu du jeu vidéo. Merci chaussures. Il sourit alors avant de passer une main sur son visage, comme pour effacer la blague débile qu’il venait de faire. Aramis vit le clin d’œil que lui fit William, il s’appelait bien William, non ? Peut être qu’Hélio lui avait dit, il lui avait sûrement dit. Je te retourne le compliment, tu m’as l’air sympa aussi, tu dégages de bonnes ondes. Il rigola alors, quoi que peut être qu’il ne rigolait pas. Il sentait quelque chose de bien en lui. Bizarre à dire. C’est parti ! Il finit par s’exclamer avant de se mettre en marche jusqu’à arriver à un café. Il s’installe, commande avant de planter ses yeux dans ceux de son interlocuteur. Il avait des yeux claires. Vert. Mais il allait arrêter de l’observer comme ça au risque de passer pour un psychopathe. Alors William, rassure moi, tu t’appelles bien William ? Il demanda en étant assailli d’un doute. Toujours cette question de mémoire. Parlons donc amour et tragédie, est ce qu’ils étaient obligés de mourir ? Il demande finalement en posant sa tête dans sa main. Pour lui la réponse était simple. Non. Parce qu’il y avait bien d’autres façon de faire comprendre à deux familles que leur dispute est inutile.

Tatoueur. Comme Paul. C’était la première chose qui lui était venu à l’esprit, quand le jeune homme lui avait dit son métier. La seconde chose était qu’il aurait bien voulu se faire tatouer mais il n’avait jamais su quoi. La troisième chose, c’était qu’il aimait bien la signification du tatouage, le fait d’avoir quelque chose inscrit dans la peau, quelque chose qui ne pouvait s’effacer (à moins de dépenser pas mal d’argent). Et la quatrième chose, Aramis pensait souvent à beaucoup de chose en même temps, c’est que William n’avait définitivement pas la tête de l’emploi. Ou plutôt, qu’il ne se conformait pas aux préjugés qu’on pouvait avoir sur le métier. C’est à dire, une armoire à glace avec une grosse barbe et des tatouages partout. Ou c’était juste parce qu’il se passait des choses étranges dans la tête de l’étudiant. Parfois, il se le disait, qu’il fallait qu’il arrête de réfléchir, parce qu’il partait trop loin. Il retint cette dernière pensée de sortir de sa bouche, parce que ça pouvait peut être le vexer. J’aurais bien aimé me faire tatouer, mais j’ai jamais trouvé quoi. Il commença avec un léger sourire, en profitant pour remettre ses pensées à plat. Je suppose que ça viendra tout seul. Il finit, un peu comme s’il parlait pour lui même, la tête ailleurs.

Il hocha la tête. C’était un compliment. Un compliment un peu bizarre, certes, mais un compliment. Installé au café, Aramis remonte ses jambes sur sa chaise pour s'assoir en tailleur. Il n’avait jamais su comment il pouvait arriver à tenir en équilibre mais depuis qu’il savait qu’il le pouvait, il ne s’asseyait que comme ça. Et sa mère détestait quand il n’avait pas les deux pieds sur terre. Ok, super, par contre, je te préviens, je risque de le dire souvent pour le mémoriser. Il sourit alors. Avant, il écrivait les prénoms dans la paume de sa main, mais comme elle n’était pas extra large, il avait trouvé une méthode qui marchait mieux. C’est ça. Le mousquetaire séducteur, sûr de lui. Ce que cet Aramis si n’était qu’à moitié. Ma mère a toujours été fan de littérature française alors quand il a fallu me choisir un prénom, elle s’est dit qu’Aramis, ça sonnait bien. Il expliqua en agitant sa petite cuillière dans sa tasse. L’étudiant incline légèrement la tête en l’écoutant. Il devait admettre qu’il avait raison sur certains points. Pas tous, parce que son cerveau refusait d’avouer que c’était la seule solution. Mais le plan initial, c’était de s’enfuir, donc s’ils avaient fuit, leurs familles n’auraient finalement pas pu faire grand chose. Mourir, c’était pas prévu. Shakespeare était sadique. Il avait une vision enfantine de la chose. Néanmoins, William, j’aime bien ta façon de penser. Mourir par amour, c’est sacrément romantique. Il pensa alors en buvant à son tour une gorgée. Aramis était un grand romantique. Et il devait l’avouer, il était aussi parfois gnan gnan, comme le disait si bien Paul. Mais il aimait bien être gnan gnan avec Paul. C’était normal.

La date de naissance. Mais c’est le second point qui lui fait esquisser un sourire en coin. Il se met un instant à imaginer ce que dirait ses parents si un jour, il se pointait avec un prénom masculin tatoué sur la peau. Même si honnêtement, jamais il ne se ferait tatouer le prénom d’un petit ami. Il avait beau croire que l’amour était quelque chose de merveilleux, il pouvait aussi y avoir une fin brutal. Je suis célibataire. Et ça serait plutôt le prénom d’un petit ami. Il ajoute naturellement, comme s’il confessait qu’il avait mangé le dernier cookie du pot. Et il ne risquait pas à être en couple de si tôt. Sauf s’il trouvait le courage. Mais où était il, ce foutu courage, lorsqu’il en avait besoin ? Parfois, il avait cette impulsion et puis on lui coupait la parole ou il finissait par bégayer et dire une phrase bateau. Mais il s’était lancé ce défi, de faire son coming out avant Noël.

C’est bizarre, mais Aramis aime bien quand il prononce son prénom. Il lève un sourcil quand il le complimente, fait un fin sourire. Que peut il répondre à ça ? Surtout que William étudie son visage avant de baisser les yeux. L’étudiant voit bien ses joues rougir. Il se contente d’un Merci, c’est gentil. Il répond alors, se contentant de détourner à son tour le regard. Il se sent bien avec le tatoueur. Les mots partent tout seul. Il peut être honnête, cette honnête qui parfois est entravée à cause des normes qu’impose ses parents. Aramis aurait envie de lui confier un tas de truc. Sur sa vie, sur ses amis, sur sa passion pour les jeux vidéos, sur sa famille atypique. Mais s’il le faisait, il aurait l’impression quand même, d’une certaine façon, de trahir Paul. Alors il se contente d’un sourire et de finir sa boisson.

Il rigole quand il lui dit juste qu’il n’aime pas la tournure des choses. Effectivement, William, tu m’as percé à jour, j’aime bien quand ça se finit bien. Dans la vraie vie ou dans les films, ça devait se finir bien. Sinon, à quoi ça servait, toutes ces batailles, toutes ces choses qu’on fait pour que finalement, ça ne rime à rien ? Aramis était optimiste sur ce genre de chose. Il a envie de surenchérir en disant que leur acte était finalement assez inutile mais il se tait. Parce que sa seconde question à pour effet de lui couper le souffle. Il cherche ses mots, ouvre la bouche avant de la refermer. Il lâche un rire un peu gêné. William, tu m’as pris de court. Il souffle alors en fixant la table. Qu’est ce qu’il serait prêt à faire pour amour ? Il fallait déjà qu’il sache, ce que c’est, l’amour. Sûrement beaucoup de choses, mais entre les dire et les faire, il a un grand écart. Il réfléchit à voix haute. Je pense qu’on sait ce qu’on ferait par amour seulement lorsque l’occasion, si on peut appeler ça comme ça, se présente. Il finit en baissant les yeux sur sa tasse vide. Donc je te tiens au courant si j’arrive à trouver l’amour. Il rigole ensuite, pour dissiper cette gêne qui l’habite.

Aramis n’était pas le genre à crier son orientation sexuelle sur tous les toits. C’était juste que William avait l’air ouvert. Qu’il pouvait lui confier des choses et que peut être même, lui aussi aimait les hommes. Alors avec lui, il était à l’aise, comme il pouvait l’être avec Paul ou avec ses amis. Mais avec sa famille, c’était tellement plus compliqué. Il aurait aimé, qu’un jour, ses parents le prennent à part et lui dise que peu importe qui il aime, ça ne changera rien à ce qu’il est. Sauf que ça ne s’était jamais passé. Au lieu de ça, il serrait les dents lorsqu’aux repas de famille, sa mère parlait avec dédain du fils de la voisine qui était venu présenter son fiancé, quand son père critiquait un chanteur qui avait le courage de s’assumer. Aramis, il était pas prêt pour cette cassure, pour ce rejet. Il ne le serait sûrement jamais, mais à côté de ça, il savait que si sa famille n’était pas prête à l’accepter, d’autres, surtout une personne en particulier, le pourraient. Il savait qu’il marchait sur une corde et que plus tôt, il serait tombé, plus tôt il pourrait enfin pleinement être lui.

Aramis chasse ce dilemme dans sa tête, se contente d’hocher la tête, de retourner à des choses plus légères. L’étudiant le voit sourire, un peu pour rien. Il trouve cette manière de sourire un peu idiote, mais ça le rend mignon. Ouais, c’est ça le mot qu’il cherche, il est mignon. Je marche. Il sourit alors en serrant sa main dans la sienne, pour sceller ce pacte sur l’amour. Son regard croise le sien et comme tout à l’heure, impossible d’en détacher le regard. Il a presque du mal à laisser reposer sa main sur sa cuisse. Il se racle la gorge, lâche un léger rire. Le sentiment est réciproque ! Je ne connaissais qu’Hélio mais je suis content d’avoir explorer d’autres horizons. Il continue avant de passer une main dans ses cheveux. Il devrait peut être penser à remercier le blond, de lui avoir fait découvrir le club de lecture, pas sûr qu’il y serait allé de lui. Il avait beau être extravertie et sociable, c’était toujours rassurant quand on connaissait déjà quelqu’un.

William avait ce petit truc, qui poussait Aramis à lui faire confiance. C’était peut être dans son regard, dans son sourire, dans la manière qu’il avait de s’adresser à lui, de lui parler. Il ne savait pas vraiment quoi, mais un truc se passait. Rt honnêtement, il n’avait pas envie de se casser la tête à trouver quoi. L’étudiant l’observait toujours, il regardait toujours ce sourire un peu idiot qu’il avait, ce sourire qui s’était légèrement estompé lorsqu’il avait parlé d’Hélio. Il le regarde juste hocher la tête, changer de sujet. L’étudiant fronce les sourcils avant de répliquer, assez rapidement quand même. Ouais, ouais, comme tu veux ! Je regarde juste l’heure. Il sourit alors en sortant enfin son téléphone de sa poche. À dire vraie, ça le démangeait depuis un moment. Mais c’était pas le genre de chose qu’on faisait, restait scotché à son téléphone, lorsqu’on essayait de faire connaissance. Alors oui, il regarde l’heure, voit qu’il a encore du temps avant de prendre son poste au ciné, mais il la voit aussi, la notification du mail. Il n’en revient pas de faire ça, il hésite quelques secondes, ayant l’impression de faire une bêtise. Il tape un rapide message. « sortie de derrière minute avec des amis, pas là ce soir, je t’embrasse, Sam. » Tout est bon, j’ai encore du temps devant moi, une destination en tête ? Il demande alors avec un grand sourire, comme si le dilemme qu’il avait eu quelques secondes plus tôt n’avait pas eu lieu. Il en profite aussi pour héler la serveuse et régler leurs consommations. Il a proposé, alors il lui semblait carrément normal de payer. Et puis, c'était pas deux cafés qui allaient le ruiner.

Aramis devait juste avoir le temps de rentrer chez lui et d’enfiler d’autres vêtements. Ils étaient assez strictes sur le style vestimentaire. Les excentricités du jeune homme en terme de tshirt à logo ou à citations ou de chaussures colorés ne plaisaient pas vraiment à sa hiérarchie. Alors quand il bossait, il enfilait un pantalon noir et un tshirt blanc, comme ça, tout le monde était content. Malgré le fait qu’il le critiquait beaucoup, il aimait bien son job. Il rit à ses mots, hoche la tête. L’étudiant réfléchit à ce qu’ils pourraient faire en cet fin d’après midi. C’est là qu’il eut un éclair de génie. Enfin, pas à proprement parlé, mais il avait eu la petite ampoule au dessus de sa tête qui s’était allumé. Il avait un truc en tête. Il décida de garder le silence, de règler l’addition. Il attendrait d’être dehors. Je t’en prie. Il sourit alors, replaçant son sac sur son dos et sortant dehors. Il fait quelques pas, un sourire en coin alors que finalement, William lui demande où est ce qu’ils vont. Je connais une salle d’arcade, pas loin d’ici, cinq minutes de marche, si ça te tente. Il expliqua alors, fier de son idée. Il y allait beaucoup lorsqu’il était enfant, parce que son père y avait beaucoup été lui aussi quand il était gamin. Il en avait passé, des journées, un gobelet de jeton à la main à essayer les différentes bornes. Il ne savait pas si Paul y avait déjà été. Mais un jour qu’ils discutaient, Aramis s’était dit qu’il l’y emmènerait, lorsqu’enfin, ils pourraient se voir. Il rangea cette pensée dans un coin de sa tête avant de regarder William, commençant à marcher.

Aramis pourrait le faire les yeux fermés, le trajet jusqu’à la salle d’arcade. Il y est allé tellement de fos que c’est pour lui une des choses les plus naturels du monde. Il avait de bons souvenirs, dans cet endroit et il était d’ailleurs encore temps d’en avoir d’autres, de souvenirs. Fan de jeux vidéos ? Il demanda alors avec un sourire, rebondissement sur les mots qu’il lui avait lancé. Pour Aramis, ça dépassait le stade de la passion, il voulait même en faire son métier. C’était pour ça qu’il avait pris ce cursus, pour pouvoir au final créer lui même son logiciel. Et puis, son deuxième truc, c’était le cinéma. Il avait fait en sorte de pouvoir faire ce qu’il aimait, même si clairement, servir du pop corn n’était pas sa passion première, ça faisiat parti du jeu. Il pouvait pas être de surveillance de salle tous les jours. Ils finissent par arriver à destination, entrant dans la salle. Il aime les néons, les jeux illuminés, les rires des enfants qu’on entend résonner. Il a l’impression d’avoir à nouveau dix ans et d’être ici avec des potes, contre l’autorisation de sa mère. Un temps ou le danger ne lui faisait pas peur. Un temps où il était insoucient et parfois, ce temps lui manquait. C’était plus simple quand il y pensait, de ne pas savoir qui il aimait. Il rit quand il lui dit qu’il est le roi, sourit au coup de coude. Il sait qu’il vient de se faire un ami et il en est heureux. Attends. Il sourit alors avant de sortir sa casquette Mario et de l’enfoncer sur sa tête. On est bon ! Il continua avant de les emmener vers une borne Pac Man, un grand classique. Les fantômes avaient été ses pires ennemis pendant longtemps.

William expliqua qu’il était fan aussi. Ça le fit rire, encore un point commun. En plus du club de lecture. Non, franchement, il était content de s’être trompé de jour, content d’être tombé sur lui. Il passait au moins une bonne soirée à défaut de pouvoir débattre sur l’inutilité de la mort de Roméo et Juliette. Ça lui restait encore en travers de la gorge. Et voilà que son compagnon de soirée sourit encore. Il le trouve pas bizarre, à sourire comme ça. En fait, le sourire, ça lui fait bien. Il sait pas si c’est pour lui ou parce que le lieu est sympa ou p’t’être aussi qu’il pense à autre chose. Tant pis, tant qu’il sourit, Aramis se dit qu’il a rempli sa part du contrat, les emmener dans un endroit sympa. L’étudiant finit par fouiller dans son sac pour y sortir sa casquette qu’il avait caché. Et dire qu’il avait eu cette super idée de costume grâce à la mort d’un des jeux vidéos de Paul. Qu’il reste en paix. Ouais, j’suis un original. Il rit alors en l’enfonçant à l’envers sur sa tête. Ça lui donne un petit style, sa casquette rouge estampillé d’un M. Je cache encore plein de choses, mais j’pense que t’auras assez tôt de les découvrir. Il répond alors, l’air énigmatique, un peu comme s’il était un de ces personnages de role play qui était programmé pour répéter les mêmes choses en boucle. Aramis passe donc la plupart de son temps à jouer, à rire lorsque William perd, à se désespérer quand enfin il gagne. C’est que le temps passe vite. Il finit par jeter un coup d’œil à sa montre. Il a pas envie de s’en aller, c’est énervant que le temps passe si vite quand on s’amuse. Alors que dix minutes derrière un comptoir à distribuer des billets pour le dernier navet semblait être une éternité. Il calcula le temps de rentrer chez lui, de se changer, d’aller au cinéma puis éventuellement d’envoyer un message à Paul. Une dernière partie et je dois y aller, je bosse ce soir. Il finit par dire avec un sourire en se posant à côté du tatoueur.

Une part de mystère, c’était bien le terme. Il se disait même parfois qu’il était un mystère pour lui même. Sam était même parfois un mystère pour lui. Il avait parfois l’impression d’être une autre personne, quand il parlait à Paul. C’était une de ses grandes questions, est ce que, s’ils se rencontraient, Paul aimerait Aramis autant que Sam ou il serait déçu ? Ça le faisait repousser l’échéance, pourtant, il se l’était promis, il ferait son coming out avant Noël. Et peut être même qu’il accepterait de se rencontrer un peu avant Noël... il ne savait pas. Il se contenta d’un sourire en coin avant de se reconcentrer sur le jeu. Il avait peur d’en dire trop. Parfois, il s’imaginait que la personne à qui il pouvait parler était son correspondant secret. S’il en disait trop sur lui, faire le lien serait facile. Mais il se méfiait jamais assez, un peu naïf Aramis. Le brun regardait le tatouer jouer. Ça le faisait rire. Il avait aucun mérite, juste des années de pratique et parfois même, quelques astuces pour tricher en douce. Mais il évitait de révéler ses secrets et aussi d’utiliser les astuces. La victoire n’avait pas la même sensation quand on trichait. Enfin, pour lui. Carrément. Il sourit alors avant de l’observer jouer. Ça le fait rire, quand finalement, il le voit gagner pour la troisième fois. Et on termine cette soirée sur une bonne not, félicitations ! Il rit alors avant de prendre le chemin du retour. Toujours sa casquette sur la tête, il salua le gérant avant de sortir de la salle de jeux. Il avait pas vraiment envie d’aller bosser, mais il avait pas le choix. Enfin, faut que je rentre me changer, au ciné, ils acceptent que les tenues standard. Il explique alors en prenant le chemin de chez lui. Son studio mal rangé.