⊹ amour propre, feat lee saejin

Le vent frais qui venait frapper mon visage, s'étouffe peu à peu lorsque la fenêtre teintée veut se fermer jusqu'au bout. Je me redresse un peu sur ce siège cuivré, légèrement mal à l'aise puis pose le regard sur mon chauffeur. Il reste stoïque, je me demande si papa lui a demandé de rester aussi silencieux pour chacun de ces trajets. « Quel est votre nom ? » demandai-je, brisant les bruits sourds. Alors que je croyais avoir vu ses lèvres s'agiter, mon espoir de communiquer s'enterre définitivement lorsqu'il se contente de hausser les épaules, le regard rivé sur le virage menant à l'entrée de mon collège.

J'avais longtemps révisé pour cet examen Je me réveillais et me couchais avec mes manuels en guise de peluche. Je pensais de toute évidence, obtenir à nouveau la première place. Mon assurance dans cette philosophie avait fait naître en moi, une certaine nonchalance lorsque j'allais voir les résultats sur ce tableau rectangulaire. Mais ce mois-ci, la venue d'une petite nouvelle a pour effet de créer une compétition. Parce que oui, elle était tout aussi bonne que moi, – et je déteste qu'une autre personne soit sur la même marche que moi. Comme dirait ma mère : « Il ne peut qu'y avoir qu'une seule place en haut de l'échelle. Et celle-ci, est pour toi. », alors j'ai dit au revoir aux nuits noires et bonjour aux nuits blanches. Faute d'avoir trop donné, je suis arrivée en seconde place, sous un nom qui devait être le mien, entre deux personnes. Mauvaise perdante, est devenue l'insulte pour les langues de vipère – que je me garde de couper en deux pour les prochains examens.

La seule personne qui était différente de ma famille, ne faisait pas partie de ma famille, ni de mes amis. C'était ce professeur principal qui m'accompagnait pour les trois années de lycée. Il était beau, et possédait un charme tellement enivrant que je suis tombée amoureuse de lui. Il m'épaulait toujours, me félicitait toujours – même la fois où je suis arrivée deuxième –, et surtout me souriait toujours. Parfois, il me faisait rire quand il s'embarquait dans des explications un peu folle sur les mathématiques. Un jour, je me suis confessée plus déterminée que jamais. Je lui ai promis de grandir très vite, et d'obtenir mon diplôme comme il se devait. Dans les films à fleur bleue, j'ai compris une chose : un premier amour ne peut être touché et est toujours douloureux. La chute était insupportable. Les formalités entre professeur et élève n'étaient pas ce qui me dérangeait le plus dans ses explications, simplement le fait est qu'il en aimait une autre indirectement : ma Rivale.

Les week-ends étaient les deux jours où je voyais – presque – pleinement mon père. C'est d'ailleurs pour cette occasion, que ma mère adorait préparer un festin en son honneur. À table généralement, les sujets de conversation tournaient autour de notre hôpital mais aussi de son impact économique. Lorsque j'étais plus petite, je ne pouvais pas m'y imposer parce que « Ce sont des sujets pour grandes personnes. Attends de le devenir et de t'en instruire, ma fille. » alors je me contentais d'écouter sans réellement poser de questions. Maintenant que je sais à quoi m'en tenir., je préfère détourner leur attention sur d'autres sujets comme ce sentiment amoureux que je vais finir par haïr dans mon futur, je le sais. « Vous êtes encore amoureux ? ». Ma question avait le don de surprendre mes parents, et pour cause mon père lâcha un petit rire sous le soupire de ma mère. « L'amour vient au début, et finit par partir lorsque tu as des enfants, que tu es mariée et que tu as une carrière. L'amour est secondaire, ce n'est pas l'apprentissage du cerveau mais du cœur, ma fille. Occupe-toi toute ta vie de cet optique là, plutôt que de t'intéresser au fonctionnement de quelque chose qui restera éphémère. », j'ai compris que l'amour était une faute et plus jamais je ne la referai.

La pluie battait à son plein contre le hublot de l'avion. Il me restait encore une demie-heure avant l'atterrissage à bon port, j'avais de quoi m'ennuyer encore un peu alors j'appelle l'une des hôtesses de l'air et commande un jus de citron en même temps que de lire un livre que mon père m'a offert en guise de cadeau de départ – mais aussi de retour. Les minutes écoulaient, et me voilà en train de respirer l'air de Portland. Les américains ne sont pas aussi clichés qu'on ne le croirait, ils ne sont pas tous obèses. Lui, par exemple, adossé à un poteau lumineux, a l'air d'arborer la cool attitude avec sa cigarette entre ses doigts, et est tout mince. Je me demande s'il se nourrit correctement pour un homme. Il remarque que je l'observe du coin de l’œil, et je détourne le regard naturellement sur la voiture noire qui arrive pour me servir jusqu'à mon nouveau chez moi. Faute de l'emplacement où elle se gare, je suis obligée de traverser le trottoir passant sous ses yeux qui je le sais ne cessent de me scruter. J'arrive devant la portière, et j'ai comme l'impression qu'il est derrière moi. Cette dernière se confirme, lorsque je sens une main oppressante tâter mon dos bientôt mon sac à main et mes valises. « C'est mon voleur ! » s'écrit une petite femme boursouflée de rides au visage, qui agitait ses mains en l'air en courant vers nous. Alors qu'il me fallait à peine trois secondes pour réaliser que j'étais en train de me faire à mon tour voler, l'homme prit ma place dans mon taxi en emportant avec lui l'une de mes valisettes et disparaît avec mon chauffeur sous les lueurs blanches de la route. Je retire ce que j'ai dit, les américains sont de gros obèses et de gros salopards.