intrigue - Enter Sandman (Wadaël)

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C'était comme un éclair. Un faisceau. Embrasant la nuit et ses milliers de comètes éteintes. Le ronronnement d'une monture d'acier vrombissante, perçant la nuit, telle une fusée qui dans son décollage venait à remuer la poudre graveleuse de ses grognements mécaniques. Mains sur l'accélérateur, le froid libérateur venant à mordre son visage, s'infiltrer sous ce lourd blouson de cuir dont le tissus âpre venait à battre sous l'effervescence de la vitesse. L'adrénaline folle dont se gorgeait ses veines, le feu incandescent de son regard allumé par la grâce de sa psyché pyromane. Et le voilà qu'il s'enfonçait, toujours plus loin, dans les abysses dédaléennes d'une énième nuit sans retour. Dans l'antre abyssale d'un crépuscule à la lune aveugle, blafarde. Les lueurs mordantes de ses phares, vaguant des bandes blanches, lumineuses, de l'autoroute, jusqu'aux forêts vierge entourant Portland. Chemins de terres boueux, encore humide par une récente rafale diluvienne. Des troncs noueux et branches recroquevillés sur elles-mêmes, dénuées de toutes leurs feuilles, tel des arbres morts, asphyxié par le temps, la poudreuse blanche, humide et mousseuse d'humus, accrochés à leurs troncs centenaires. Le fracas des roues s'élançant sur des chemins aux noms obscures, non baptisés, seulement par le reflet de quelques rais lunaires se frayant un chemin à travers quelques tiges craquantes. Produisant des sons âpres, sec, vif, arrachés à leurs réceptacles naturels. Leurs membres boisés déchiqueté sous les lamelles impitoyables de ses roues avides, conquérantes. Alors qu'en loin, battait la mélodie vengeresse de riffs enflammés. Comme un rêveur arraché à ses rêves, traînant son destrier de métal dans ces chemins tavelés d'une mélasse insondable, se répétais ces notes lointaines, battantes, jusqu'à son éveil le plus complet. Son apothéose mirifique, damné. Un appel perçant les échos de lisières infimes. Il s'avançait, sans trop à quoi s'attendre, si ce n'était qu'un sourire demeurait sur ses lèvres quand à l'entente de ces mélodies dont il était insatiable. Et le voilà qu'il était là, aux devants de ruines rongées de câbles et d'une foule noire de mondes. Cracheurs de feus, aux silhouettes costumés de la tête jusqu'aux pieds, intermittent du spectacle et leurs stands dédiés à quelques groupes locaux, fumeurs, buveurs, fêtards, réunis en une masse compacte. Alors qu'au même moment, son portable venait à se faire assaillir de messages vibrant juste dans sa poche. Foutu réseau. À peine avait-il eu le temps de s'amarrer au côté d'une longue lignée de moto reconnaissable d'entre milles, tant ils les avaient touchés jusqu'à en salir ses mains de cambouis, que ses prunelles bleutés venait à se ravir devant les lueurs de son smartphone. Au loin, l'océan de son regard se relevait jusqu'à saisir l'empreinte noctambule de traits familiers.

à Rafaël, 21h34.
J'te vois.
à Rafaël, 21h35.
Tu m'avais dit qu'l'endroit serait sympa. C'vrai. La vue est plutôt cool.

Il pouvait le voir, lui, qui même dans la nuit venait à se fondre aux ombres comme l'un de ses énièmes péchés tentateurs. Panthère noire, vagabonde, tant solitaire, qui se tenais là, les mains dans les poches de sa veste de cuir face à une foule débridée. Lorsqu'il humecta ses propres lèvres de sa langue, un goût amer, corrosif, s'éveilla du bout de ses papilles, qu'il tenta de retenir en vain. Ses pas le guidant jusqu'à un bidon emplis de glaces et de bières débordantes. Dont deux, qu'il fit jongler entre ses mains tatouées, jusqu'à finalement s'approcher doucement, à pas de loup, jusqu'à lui. « Bouh. » Marchant de sable, loup farceur, à se pencher dans son dos, près de son oreille, avant de finalement venir s'arrêter en face de lui, bières tendues, en mains. « J't'en ai pris une. » Le temps de coincer la sienne, froide, gelant ses os même par dessus son jean, serré entre ses cuisses fermes. Tout en extirpant un briquet de sa poche afin d'en ouvrir le goulot qui bientôt vint à recouvrir ses mains de mousse. Il se mit à rire, ce genre de rires éphémères, qui n'existait que rarement lorsque les ombres mouvantes de son quotidien ne venait pas à s'en abreuvoir. Puis il l'a lui tendis, léchant ses doigts recouvert du liquide aux effluves éthyliques. « Ben alors... j'pensais qu't'aurais pris ton costume avec toi. »