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 [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé

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Javier Valnero
Javier Valnero
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MessageSujet: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyDim 26 Aoû - 17:48

L'odeur de la térébenthine, de l'acrylique collant à ses narines en de douces effluves exaltante. Les booms booms d'une musique qui fait résonner son rythme langoureux, impatient et ardent à travers la petite maison de tuiles pourpres. Et du rouge. Toujours plus. Un coup de pinceau, un autre. Une main qui se tâche, s'égare sur sa salopette en jean, catalyseur de l'essence coloré de sa psyché. Ses mains folles s'activent, tentaculaires, sur la toile maintenue par un chevalet en pin. Tout est en désordre, dans ce sous-sol, des pots de peintures, toiles vierges, palettes tavelées, pots d'apprêts. C'est presque comme une danse, une incitation à un ailleurs merveilleux, celui que renferme le Monstre entre ses mains souillées. Qui s'éveille, se dévoile et se fait dévorer par ses prunelles claires, brillantes d'éclats verdâtres. La toile se fait sanguine, sous les rubans d'hémoglobines qui l'en recouvre, la violence armée d'une conscience trop longtemps tût qui se déchaîne, s'envenime et s'enroule sur le tableau marmoréen, granuleux. Des serpents de feus, des dragons aux entrailles calcinées, aux gorges magmatiques. La fumée âpre qui s'échappe de ses naseaux. Mais Javier ne s'arrête pas, jamais, inépuisable, se tuerait presque à la tâche tant il libère la hargne qu'il a conservé dans ses entrailles. À la recherche d'une chose qui lui échappe, file entre ses doigts alors qu'il fronce les sourcils, renâcle, se mure dans le silence revêche, frustrant, de cette chose qu'il ne parvint pas à attraper. Alors il reste là, les mains recouvertes de tâches, avec cette cigarette entre ses lèvres, filtrant son odeur âcre, amer, s'évadant autour de son visage en des bras évanescent. Il regarde, juge, jauge. La qualité de ce travail, le sien, qu'il juge médiocre. Pas assez bon. Jamais. Toujours exigeant, intransigeant même, avec lui. Le regard insouciant, rêveur, laisse place à celui de l'artiste jamais satisfait. Celui qui se sous-estime, toujours à la recherche d'une perfection hors de portée, d'un nirvana, l'essence même d'une inspiration mirifique qui ne parvint pas. Ses orbes se tournent vers la pendule aux aiguilles fatidiques, les rouages lents qui s'en écoulent en une lente torture. Incapable de résister à ce qui l'attend. À sa petite dose psychotrope de rêves qui s'écoulent en fumée. Des bras brumeux qui l'attendent, le supplie d'en découvrir les pigments multicolores. Il faut qu'il fasse une pause, assez longue pour pouvoir se changer les idées, reprendre avec plus d'entrain, plus tard. En attendant. Il délaisse sa cigarette dans son cendrier et remonte les escaliers au plancher grinçant, ses pieds nus manquant de trébucher entre deux cartons de pots de peintures qu'il n'avait toujours pas descendu dans l'atelier. C'était un capharnaüm, un repaire bordélique d'objets décoratifs. Entre les carillons se faisant bercer face à la brise estivale, les bouddha illuminés, les plaids colorés, jusqu'à ces vêtements, pulls et jeans troués, étendus sur un séchoir à linge rose. Trop. Tant de couleurs. Partout. Un véritable kaléidoscope tournoyant, hypnotique. Le reflet chaotique, anarchique, de pensées en dégénérescence constante. À peine avait-il eut le temps de poser sa main sur la poignée de son frigo que le bruit de la sonnerie se fait entendre. Son visage s'illumine d'un sourire, alors qu'il attrape un élastique à la volée, attache ses cheveux en un man bun et se dirige vers la porte d'entrée afin de l'ouvrir. Indifférent quand à ces mèches éparses, folles, qui s'échappe de sa nuque, s'étale près de ses oreilles, parfois même, viennent se loger à ses lippes. Non, il sourit à ce bel inconnu qui viens lui apporter les effluves proches de cette fête qui anime sa psyché. Penche la tête sur le côté, avec ce sourire qui déforme la commissure de ses lèvres. « C'est toi. Le nouveau marchand de rêves ? »

@Gabriel Winfrey


Dernière édition par Javier Valnero le Dim 2 Sep - 15:09, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyDim 26 Aoû - 18:45

Les sms, comme une pluie de petits météores venant s'échouer sur l'écran de son portable jetable. Le deuxième, celui qu'il utilisait pour ses affaires peu recommandables. Celui qui ne soufflait aucun nom. Celui qui ne murmurait pas la moindre preuve à son encontre. Aucune trace, et c'était bien le but recherché. Il en avait un second, plus personnel, qu'il utilisait pour tout le reste, pour tous les autres. Mais à cette seconde, c'était une nouvelle adresse qui apparaissait sur son écran, la reprise d'un client qui n'était pas le sien à l'origine. Mais vous savez ce qu'on dit... tant qu'il y a la demande, l'offre est toujours dans les parages. L'offre d'origine avait plaqué le milieu, alors Gabriel s'était fait une joie de reprendre son répertoire, de répondre à l'appel de celui dont il avait l'adresse à présent. Il était repassé à sa planque, dans son appartement, dans un recoin qu'il fallait connaître, pour récupérer ce qu'il voulait, puis il avait grimpé sur sa moto. Traverser Portland n'était pas bien compliqué, il y était né, et il y crèverait sans doute le jour où la grande faucheuse déciderait qu'il était temps qu'il connaisse sa couche et qu'il abandonne toutes les autres. Draps froissés qui se faisaient légions, mais que ceux de ces demoiselles, de ces courbes féminines qu'il baisait sans état d'âme, sans l'ombre d'un remord lorsque le temps de les abandonner se profilait. Les roues de sa bécane avalaient l'asphalte avec un appétit féroce, le vent cherchant à s'engouffrer sous son casque, tandis qu'il zigzaguait entre les voitures, accélérait d'un coup de poignet lorsqu'un feu se voulait d'un orange criard. L'adrénaline, un sourire amusé à ses lèvres, il se sentait vivant à jouer ainsi avec sa propre vie.

Jusqu'à finalement s'arrêter devant l'endroit qu'il devait rejoindre, moto immobilisée, un regard alentour pour s'assurer qu'aucun idiot ne tenterait de la lui prendre. Mais déjà il retirait son casque, le gardant sous le bras, avant d'ouvrir la glissière de son cuir, dévoilant le tee-shirt qu'il dissimulait l'instant d'avant. De son autre main, il sortit un paquet de cigarette, en glissant une à ses lèvres qu'il alluma, tirant une taffe, puis une autre, tout en avançant tranquillement dans la rue, s'approchant de la porte de la maison qu'il observa brièvement. Porte à laquelle il sonna, tout en tirant une nouvelle taffe à sa propre clope. Mais il n'eut pas le temps d'attendre bien longtemps, qu'elle s'ouvrait sur un garçon vêtu d'une salopette pleine de couleurs, un sourire ancré à ses lèvres, des mèches si longues qu'elle s'évadaient jusqu'à ses lippes. « C'est toi. Le nouveau marchand de rêves ? » demanda son nouveau client, arrachant un sourire amusé à ses lèvres, tandis qu'il tirait une dernière taffe de nicotine à la petite mort qu'il laissa tomber au sol, l'écrasant du bout du pied. « Gabriel. » qu'il souffla comme simple présentation, l'ange annonciateur des croyants échoués plus bas que terre, à la solde d'un mécréant opposant. Ses cheveux décoiffés par le casque, laissaient retomber quelques mèches devant ses yeux qu'il dardait pourtant en direction de celui qui, s'il ne passait pas son temps à nier avec acharnement... « Tu me laisses entrer si tu veux les clés du paradis ? » souffla-t-il simplement en haussant un sourcil, s'avançant dans sa direction... « Je fais jamais de miracle sur un palier de porte. »... s'attendant presque naturellement à ce qu'il se décale pour le laisser entrer.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyDim 26 Aoû - 23:13

Il y avait un ange, sur le pas de sa porte. Au seuil de son Neverland, dans l'antre polychrome de ses rêves à la dérive. Avec son sourire enjôleur, ces fossettes rieuses éclairant son visage, ces fils de soies, se déposant au devant de son regard baigné d'algues profondes, avec la légèreté d'un rapace sombre. Un ange déchu, dont l'odeur âcre, de tabac, venait se mélanger à la sienne. Un cocktail molotov de térébenthine et de braises rougeoyantes du bout de sa cibiche étincelante. Et à ses mots, tel un pyromane lâchant son allumette sur une traînée d'essence, il venait de faire naître en lui des couleurs d'un rouge profond, virant au violet. Un amas de flammes lancées à la perte d'un nageur qui découvre des ruines abyssales du bout de son fanal incandescent. Il en était presque subjugué, frappé par la stupeur d'un désir effrayant, qu'il se décala seulement quelques secondes après avoir réalisé, sentis, la morsure de ses prunelles sombres dans les siennes. Le laissant entrer, tout en allant fermer la porte derrière lui. Sa tête se pencha sur le côté, pensif, alors que son regard clairsemé de branches noueuses venait à balayer sa silhouette d'une œillade concupiscente. Le tintement des clefs bravèrent le verrou de la porte et il s'élança, ses pieds nus faisant grincer le bois froid sous ses pieds. « Tu est un vampire, pas un ange. » Il se mit à rire de sa propre blague et se tourna en direction du frigo, s'accroupissant afin d'y extirper deux bouteilles de bières. Beaucoup trop insouciant, inconscient, avec cet homme dans son dos, qu'il ne connaissait ni d'adam, ni d'eve. Juste d'un simple texto, du mouvement de ses doigts pianotant sur l'écran de son smartphone en quête d'un monde imaginaire à faire vivre sous les poils de son pinceau. Un jour, il en étais sûr et certain, un type aux envies lugubres franchirait le pas de cette porte et ce serait son propre liquide vital qui servirait de peinture à des œuvres funèbres. Il se releva, remontant le bas de sa salopette sur ses hanches, alors que les bretelles de celui-ci venait à pendre le long de ses jambes élancées. Son t-shirt blanc n'était plus qu'un amas de tâches colorées formant un drapeau multicolore. « Je n'avais aucune idée qu'ils recrutaient des modèles chez les dealers, maintenant. » Sa dextre, peu habile, uniquement lorsqu'il s'agissait de faire s'étreindre ses couleurs contre d'autres, vint à attraper un limonadier, manquant de s'écorcher les mains sous la petite lame rétractable. L'arc ombrageux de ses sourcils se fronça, mais il ne se découragea pas pour autant, attrapant l'une des bières afin d'en faire sauter le bouchon. Mais un faible sursaut agita son épaule, se fondant jusqu'à l'un de ses doigts qui se coupa contre l'acier dentelé. Il jura en hispanique. Foutu Monstre. Non. Hors de question qu'il lui cède aussi facilement. Aucun compromis. Il retenta de nouveau et y arriva cette fois-ci. Tendant sa bière à Gabriel avec le sourire plus affable qu'il pouvait posséder. Essuyant discrètement son doigt tacheté de couleurs vermeilles contre sa salopette (dieu qu'il commençais à détester cette couleur), puis il regarda la sienne avec une mine pensive, songeuse. Il s'y reprendrais plus tard, dans l'instant, d'autres choses venait à envahir son esprit. Il repris alors de sa contenance et se dirigea vers une sacoche en cuir sur son canapé, évanouie sous des plaids colorés qu'il balança au sol de gestes nonchalant. Puis dès lors, il en sortis une liasse de billet vert.« Alors, bel ange, tu viens m'apporter mon Graal ? »

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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyLun 27 Aoû - 15:50

Comme une évidence, comme un acte que le destin avait déjà tracé, son nouveau client se décala pour le laisser entrer, ses iris glanant chaque détail des lieux. Les couleurs criardes, presque agressives. Carillons entremêlant mélodieusement leurs tintements, venant caresser les ventres ronds des bouddha aux lueurs attirantes. Myriades de couleurs éparses, abandonnées aux quatre vents. Pas le genre d'endroit qui lui correspondait, trop criard, trop... Difficile de résumer l'univers du déchu, mais il était mille fois plus sobre que le psychédélique de celui-ci. Mais cela le laissait saisir un lambeau de la personnalité de celui chez qui il se trouvait. Lambeau seulement, car il n'était jamais si simple de pénétrer un esprit que l'on ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Lui-même était plus complexe que ce côté nonchalant et calme se trouvant à cents lieux de l'adrénaline qui pendait à son bras sous la forme d'un casque, des courses illégales, des jointures abîmés à force de cogner. La porte refermée dans son dos, le tintement des clés le laissa reposer son regard sur celui qui le fixait d'une manière qu'il préféra ignorer superbement. Immorale tentation, qu'il n'assumait jamais, alors que le désir que l'inconnu éprouvait semblait presque palpable. Mais Javier ne s'attarda pas, traversant déjà la pièce, le bois grinçant sous ses pieds nus... détail qui fit sourire Gabriel, comme un tout, une évidence. Il aurait dû le savoir, qu'il ne porterait aucune paire de chaussures, mais qu'il ne s'imagine pas que le marchand de rêve se déchausse un jour dans sa bâtisse. « Tu es un vampire, pas un ange. » souffla le peinte avant de se mettre à rire, relevant les lippes de celui qu'il venait de qualifier de caïnite. « J'ai pas reçu d'invitation pourtant. » souffla-t-il en réponse, un sourire toujours greffé à ses lèvres. Il n'énonçait là que la vérité, celle qui voulait qu'il était entré de sa propre volonté, sans attendre que l'esthète ne l'y invite. Certes, il s'était décalé, donnant son accord, mais aucun "je t'invite à entrer" ne s'était esquivé de ses lèvres jouant encore avec une mèche.

Et Gabriel le vit s'accroupir pour capturer deux bières, les arracher du réfrigérateur. Lui tourner le dos comme s'il avait une entière confiance en l'homme qu'il était. Trop naïf en un sens pour divaguer dans un univers comme le leur, peut-être était-ce la raison pour laquelle c'était son numéro qu'il avait obtenu, et non celui d'un autre. On ne refile pas ses clients à n'importe qui dans le milieu, même lorsqu'on le quitte enfin. Gabriel... ne le quitterait jamais, trop frelaté pour une vie de soie, trop gangrené par les bas fonds pour vouloir réellement s'en échapper sans devenir fou. Il le vit se relever, les bretelles de sa salopette retombant le long de ses jambes, salopette cherchant à fuir alors qu'il la remontait. « Je n'avais aucune idée qu'ils recrutaient des modèles chez les dealers, maintenant. » Un ricanement moqueur lui répondit, simple réaction logique vis-à-vis de sa remarque, lui qui refusait d'être intéressé. Il ne répliqua rien, n'eut pas l'ombre d'un encouragement, ses iris suivirent ses gestes... presque trop maladroits. Un sourire plus amusé au coin des lèvres, alors qu'il le voyait s'écorcer au petit ustensile, jurant dans une langue que Gabriel ne comprenait pas. Avant qu'il lui tende une bière ouverte, enfin. Bière dont s'empara le marchand de rêve pour en porter le goulot à ses lèvres sans un mot. Les "merci" lui écorchaient si difficilement les lèvres, Ashton pourrait le jurer. Iris qui le suivirent à nouveau, silhouette qui savait ce qu'elle cherchait, venant à explorer les monticules de tissus sur le canapé, dévoilant une sacoche dont il extirpa une liasse. Un sourire plus satisfait vint se peindre sur ses lèvres... « Alors, bel ange, tu viens m'apporter mon Graal ? »« Si t'ajoutes deux trois billets, je t'apprends même à ouvrir une bière sans te blesser. » qu'il souffla avant de porter sa bière une nouvelle fois à ses lèvres, juste un instant avant de l'abandonner sur un meuble quelconque. « Mais je présume que tu te fous de la bière au fond... et que c'est ça que tu veux. » souffla-t-il avec nonchalance, extirpant de l'une de ses poches un petit sachet contenant le précieux Graal. Il s'avança, comblant la fragile distance, échange de bons procédés, d'abord l'argent, ensuite la cam. Il tendit donc une main vierge de la moindre drogue dans sa direction.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyLun 27 Aoû - 17:21

« Je sais ouvrir des bières. » Sa voix n'avait plus ce teint chaud, exotique, qui franchissait ses lippes. Mais une intonation froide, sans pour autant être meurtrière, quelque part, un peu esseulée, terne, tristement solitaire. Le mécontentement des ruines antiques, scellée à double tour sous les cages de son âme, venait à faire froncer ses sourcils. Ce nœud défaitiste lui gagnait le cœur comme un lent poison, rongeant, secouant, les barrières protectrices de ses prunelles. Les eaux boueuses, végétales de ses yeux, confrontée à une myriade de couleur, devenue si soudainement fades, maussades. Il n'était pas un incapable, il le savais. Sa bière, il l'avait eu. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser ce qu'il aurait pu en être... S'il n'étais pas, si différent. Un spasme gagna sa main qui s'entortilla contre sa tempe, cherchant à se protéger dans l'ombre de sa paume. Ses dents se serrèrent et ses yeux se fermèrent un instant. Comme si son âme était en proie à une dualité intérieure qu'il ne parvenait jamais à gagner. Puis, tout retomba, le silence d'abysses profondes, la lenteur leste des vagues et de leurs remous si haut, qu'il parvenait à peine à en apercevoir les rayons de l'astre ardent régnant dans l'empyrée. Elle retomba mollement le long de son corps. Il aurait voulu s'en excuser, mais il ne dit rien. À quoi bon ? Ce n'était qu'un cercle vicieux, une entourloupe sans espoir, la ronde infinie, le tunnel sombre habité par les ombres. Ces bruits de pas comblant la distance entre leurs deux silhouettes, le força à relever ses prunelles contre les siennes. Buvant l'encre ombrageuse de ses deux gouffres sans fonds, inextricable. Qu'allait-il se passer, s'il venait à chuter à l'intérieure d'elles ?  Réussirait-il à en sortir sans embûche ? Dans le fond, il s'en fichait bien, Javier. Meurtre, pas meurtre. Violence, pas violence. Dans le fond, tout ce qui est vivant est destiné à mourir. Et quitte à y déposer sa vie, il préférait la laisser entre les mains d'un homme au minois irrésistible. La poigne d'un ange déchu aux ailes imbibés d'hémoglobines. D'un vermeil si rouge, si profond, qu'il en ressentais la fureur venir crier aux portes de sa psyché. Sa main tendue le fit sourire, effaçant l'expression froide qui avait fait se grimacer son visage, pour une autre, plus chaleureuse, taquine, mutine. Si tu savais, ce que je veux vraiment. Il rangea les billets en les coinçant sous l'élastique de son caleçon, puis vint à attraper sa main entre la sienne, pointant sa paume vers le ciel. « Tu sais, je sais lire dans les lignes de la main. » Ses doigts bravèrent le derme de ses paumes calleuses, s'alignant sur les lignes de vie au relief rugueux, mais agréable. C'était ce dont il avait besoin, quelque chose de piquant, âpre, dur et implacable. Du rouge. Sombre. Rougeoyant, comme ce brasier entrechoquant son âme à la sienne. « Et j'y vois... Un homme que tu as rencontré récemment, plutôt beau garçon. Qui... » Sa phrase resta en suspend sur ses lèvres et quelques mèches sombres vinrent à entraver son regard, puis il relâcha sa main, venant à attraper les billets coincés contre l'épiderme ocre de sa peau.« Si tu veux la suite, joli trésor, ce sera seulement après m'avoir tenu un peu compagnie autour du Graal. » Il déposa la légère liasse dans sa paume.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyLun 27 Aoû - 18:20

Sa façon de réagir, ce timbre glacial aux allures sibériennes, cette solitude, ces simples mots échoués à ses lippes mécontentes. A croire qu'en lui indiquant qu'il pourrait lui apprendre à ouvrir une bière sans se blesser, il avait lacéré un orgueil déplacé, ou une autre facétie de l'instant. Mots dont il n'avait pas saisi la portée. Paroles soufflées comme une simple respiration. Mais alors, Gabriel ne saisissait pas ce qui avait pu motiver sa réaction. Peut-être qu'il n'appréciait pas qu'un vampire puisse l'imaginer incapable d'agir, de se débrouiller par ses propres moyens. Ce n'était qu'une bière. L'âme moqueuse, emmerdée d'un certain côté, il ne voyait rien de mal à ne pas savoir faire quelque chose. Lui-même avait été, et il l'assumait, un mauvais élève, et il s'en était tiré par miracle, sans doute tiré vers le haut par l'un de ses amis. Tout le monde ne pouvait pas être parfait en tout, chacun possédait ses facilités. Pourtant, le marchand de rêve remarqua ce spasme, trop attentif, les iris comme braqués sur le détail qu'il vit s'entortiller. Tension au niveau de la mâchoire. Paupières s'échouant sur les billes lumineuses, dissimulant ces facettes intemporelles, ces reflets d'un autre monde, d'un univers aussi distant que pouvait l'être celui du colombien. Soupçon d'une réaction, ou d'un symptôme, mais nulle vérité venant le lui souffler. Peut-être avait-il finalement touché des mots un détail douloureux. Mais il ne le connaissait pas après tout, pas un instant avant de pénétrer à l'intérieur de cette maison, à peine celui sur le palier. Son visage aurait dû lui parler, mais Gabriel n'était pas de ceux qui s'extasiaient sur des toiles, manque de culture sans doute, manque de curiosité, ou tout simplement d'intérêt. L'art ne lui avait jamais parlé, contrairement à la musique, contrairement à la moto, à la vitesse, à l'adrénaline, à toutes ces limites si faciles à franchir... grisantes sensations. Contrairement à la drogue venant sinuer dans son organisme comme un énième portail en direction des nuages.

Alors il s'était simplement approché, comblant la distance, les mots gravissant ses lèvres, déversant le désintérêt pour la bière, mais l'extatique Graal exhibé à ces prunelles. Mais ce furent les siennes que ces dernières vinrent esquisser, se noyant dans leur immensité. Main tendue pour recevoir le papier peint à la valeur presque trop brutale en ce monde. Mais au lieu de les accueillir, il les vit disparaître sous l'élastique de son caleçon, laissant un léger pincement venir s'attarder sur ses lippes, à l'instant où ses doigts s'emparèrent des siens, alors que les lèvres colombiennes s'étiraient d'un sourire. « Tu sais, je sais lire dans les lignes de la main. » « Ah ouais ? » fit le sarcastique moqueur, le laissant malgré tout caresser sa paume du bout d'un doigt. Sensation... désagréable, hérissante, malaise presque palpable, frisson venant courir sur sa peau qui se voulait réceptive, corps trop vivement tendu. « Et j'y vois... Un homme que tu as rencontré récemment, plutôt beau garçon. Qui... » Qui quoi ? avait-il envie de demander, comme un cobra hypnotisé par la danse de la flute plutôt que par la mélodie, alors que son regard se détachait de son doigt, de cette main qui retenait la sienne, la délaissant. Prunelles qui revenaient jauger celles du plus à l'aise des deux. « Si tu veux la suite, joli trésor, ce sera seulement après m'avoir tenu un peu compagnie autour du Graal. » La suite. Ses doigts se refermèrent autour des billets avec avidité, prise familière qu'il rangea dans l'une de ses poches, avant de déposer son casque resté jusque-là à son bras. Excuse probable, avant qu'il se frotte la main contre son jean, comme pour effacer le contact de ses doigts sur sa paume. « La suite ne m'intéresse pas. Je ne baise pas les hommes. » affirma-t-il avant de lui tendre le sachet au précieux contenu, le laissant lui prendre. Il aurait dû tourner les talons, mais l'art d'être un bon dealer c'était aussi de savoir se faire apprécier, de savoir se rendre précieux à sa manière, d'offrir l'ombre de ce que le client attend, tout en ne perdant jamais le contrôle. « Mais une bière, le Graal... et un canapé multicolore... je dis pourquoi pas. » souffla-t-il en haussant les épaules, se détournant de quelques pas pour reprendre sa bouteille délaissée, avant de laisser ses pas se faire à nouveau entendre sur le bois, pour finalement choir sur le canapé avec nonchalance. Puis il mena le goulot à ses lèvres assoiffées, son regard revenant se poser sur lui, pour le suivre, lui, ses gestes, comme à l'affut de la moindre réaction.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMar 28 Aoû - 10:22

« Dommage, tu ne sais pas ce que tu rate. » Il lui avait ça d'un ton si libéré, assumé, qu'il en souriait de toutes ses dents blanches. Combien de fois lui avait-on dit de se taire à propos de sa sexualité, tout ça sous risque de se faire passer à tabac ? Javier n'en n'avait jamais tenu cure, de simples menaces avait pour tendance à le mener à l'insolence, rejeter l'autorité des diktats d'une société infâme. Que tout ces idiots se renseigne; l'homosexualité existait depuis des siècles et des siècles. Il haussa les épaules, puis son regard vira à ce petit sachet entre ses mains, le frictionnant afin d'en toucher le précieux psychotrope par delà le plastique. Dans ce cas là, pourquoi Gabriel restait, venait à se fondre dans cet amas de couleur polychrome, au beau milieu de ces plaids éparpillés avec cette bouteille franchissant ces lippes. Dios mio, qu'il aurait voulu être à la place de cette bière... Se fondre entre ces lèvres à la place de ce liquide éthylique, prêt à déclencher le feu pourpre se nichant aux creux de ses entrailles, faire de nouveau naître ce léger frisson entre leurs mains, telle la brise caressant un corps nu, dont l'emprise invisible venait à réveiller ses cinq sens. C'était comme un éveil soudain, comme si durant tout ce temps, il avait été en stase et qu'un bouton on, venait de se déclencher au contact de l'ange. Un soupir franchis ses lèvres, il se jeta de nouveau à la conquête de son salon, se dirigeant vers le porte manteau, afin d'extirper un paquet de cigarette de l'une des poches d'un pardessus brun. « Les hommes sont de nature plutôt curieuse. » Commença-t-il. Bientôt, le poids du canapé s'affaissant sous le sien, alors qu'il venait à déposer nonchalamment le paquet de cigarettes sur la petite table basse recouverte d'une nappe indienne. Au beau milieu de pouf et tapis à poil ras. Ses genoux vinrent à se serrer contre son torse, seul ses doigts de pieds, recouvert de quelques bagues argentées venait à dépasser du canapé. « Je ne t'en veux pas, parce que tu sais, dans le fond, je suis pareil. » Il lui sourit, puis laissa ses mains s'affairer à la préparation de son précieux Graal. Rattrapant sa sacoche de cuir enfin d'en sortir des feuilles translucides, décortiquant les entrailles brunie de cette cibiche meurtrière afin d'en mélanger le tout en un assemblage harmonieux de couleur sombres. Sur une pensée absurde, il se disait qu'il aurait pu en faire un tableau, mais l'homme qui reposait à ses côtés était bien plus apte à la tâche. Il l'imaginait déjà, cet ange sur le seuil d'une porte nimbée de lumières, avec ces longues plumes rouges, enflammées, s'élevant dans son dos en un fanal courroucé. Et... cette amas, cette boule noir, difforme, roulée contre elle-même dans un coin de la toile. Sa tête remua soudainement d'elle-même, afin d'en faire sortir cette pensée pessimiste. Avant même qu'il ne s'en rende véritablement compte, la cibiche aux effluves psychotropes se trouvait déjà entre ses lèvres, prête à faire surgir ses braises du bout de son zippo violet. « Voyons voir si le Graal est à la hauteur de l'ange qui me l'as rapporté. » Il lui fit un sourire taquin. Un brin provocateur et laissa les braises s'élever d'elles-même. Les étincelles, jaillissant, comme un tonnerre fulgurant à travers une nuit ombrageuse. Prêtes à s'aligner sur le fil de ses pensées décadente. La première bouffée le laissa retomber en arrière sur le canapé, irritant sa gorge d'une fumée nébuleuse, âpre et ferme. La poigne évanescente de ses bras brumeux refermant leurs emprises meurtrière sur les battement de son palpitant. Et sous ses prunelles fermés, coupant son appartenance au monde extérieur, dansait des muses aux silhouettes lointaines, échouées sur des rivages sablonneux, aux confins même de son enfance solaire. Là où les hommes chantaient de leurs langues incendiaires et les femmes, portait des effluves embrasées dans leurs longues crinières fougueuses. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre pieds à la réalité, se rendre compte qu'il se trouvait sur ce canapé, avec Gabriel à ses côtés et cette bière au verre tiède qu'il tenait entre ses mains. Il s'étira, comme après un long sommeil réparateur et se pencha près de l'ange en lui tendant l'objet de leur intérêt. « Pas mal. » Lentement, mais sûrement, les fluides hallucinogènes venait à se bercer aux creux de ses pensées chaotiques. Et d'un bond, comme si la foudre venait de frapper aux portes de ses tempes, il se releva. Excité, enjoué, comme un gosse qui viens de découvrir son cadeau d'anniversaire. « Il faut que je peigne. Maintenant. » Aucune négociation, pourparlers, c'était une exigence même. Qui ne faisait que de lui un homme, esclave de son inspiration capricieuse. Il entraîna Gabriel dans son sillage, attrapant l'une de ses mains dans la sienne pour le guider jusque dans l'antre souterraine de cet atelier au bazar éclectique. Il relâcha sa main et les siennes s'agitèrent près de ses tempes afin d'y extirper le Monstre se libérant dans ses entrailles. « Il me faut du rouge, beaucoup de rouge. » Gabriel allait le prendre pour un dingue, un fou. Mais qu'importe. Il verrait de lui-même, découvrirait toutes ses couleurs incomprises qu'il balançait chaque jour aux facettes moirées de ce monde en déclin. Son corps bougeait, parlait de lui-même. S'organisant en une hiérarchie d'actions incontrôlées. Remplacer la toile par une autre vierge. Se dépêcher, saisir les pinceaux, les pots pourpres. Vite.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMar 28 Aoû - 16:10

Que raterait-il précisément ? Il ne s'imaginait pas qu'en niant si farouchement ce genre d'attirance, il se privait de quelque chose de si passionnant que cela. Le monde s'était passé de ce penchant réprouvé durant des années, et cela n'avait en rien souillé des vies. Aussi se contenta-t-il de hausser les épaules, comme si la façon de souffler cette soi-disant vérité ne le surprenait pas en un sens. Mais le colombien semblait différent de ces quidams croisés aux détours d'une ville, Portland pour précieuse embarcation de cet homme à l'allure presque trop détachée du matériel. Mais si Gabriel avait rejeté son désir de lui souffler d'autres mots au parfum d'interdit, il s'était pourtant échoué sur les rubans colorés, âpre arc-en-ciel psychédélique qui semblait n'être qu'un prélude aux délires factices provoqués par la drogue. Le goulot de sa bière comme précieux écueils de ses lèvres, ingurgitant l'orge ambré, avant de laisser ses prunelles revenir étudier la silhouette devenue étrangement familière. Ses rétines l'avaient immortalisée, physionomiste qu'il était, une aide précieuse dans le métier qui était le sien. Aussi illégal que pouvait être le parfait reflet de celui de son frère ainé, comme s'ils n'étaient pas tombés au pied du même arbre, et pourtant. Mais l'une des pommes avait été vérolée avant d'être ramassée, mauvaise graine que le vent avait emporté jusqu'à un buisson de ronces où il avait appris à se développer.  

Soupir de l'audacieux des mots, que ses iris suivirent jusqu'à un porte-manteaux, laissant un paquet de cigarettes prendre place entre ses doigts. « Les hommes sont de nature plutôt curieuse » Pas lui, pas à ce sujet, si c'était ce dont il voulait parler, alors qu'il s'installait sur le canapé non loin de lui. Comme indifférent, noyé dans sa propre nonchalance, il se contenta de boire une nouvelle gorgée de sa bière, alors qu'il suivait négligemment le paquet des yeux. « C'est toi qui m'as proposé de rester. » souffla-t-il simplement, après une seconde de silence, se noyant sous l'incertitude de ce qu'il pourrait bien répliquer, s'il ne s'attellerait pas plutôt à conserver ses lèvres closes. Il n'était même pas certain qu'il parle de ces sensations dérisoires qui lui firent contracter ses mâchoires, ou de sa volonté à rester ici pour en apprendre plus sur lui. Il en aurait presque soupiré à son tour, de cette impression de malaise qu'il ressentait à être l'objet de ses iris par instant, de cette proximité presque vivifiante pour sa peau n'exhalant que le souvenir d'un contact. Javier, si différent, si particulier dans sa posture, dans sa façon de se vêtir, dans cette chevelure à laquelle il prêtait pour la première fois attention et qui dissimulait sans doute la longueur réelle de cette dernière. « Je ne t'en veux pas, parce que tu sais, dans le fond, je suis pareil. » Un sourire pour ponctuer ses mots... auxquels Gabriel se retrouva bien en peine de mettre du sens. Incapable de déterminer à quoi, précisément, il faisait référence. Sans doute à cette curiosité qu'il lui attribuait, décida-t-il, plutôt qu'à une autre version qui l'aurait mis plus mal à l'aise. Mais Gabriel s'égarait à vouloir le suivre sur le chemin tortueux de ses pensées, et sans doute l'étrange artiste venait-il de piquer la curiosité du marchand de rêve, qui l'observa s'emparer du nécessaire pour réaliser le rouleau des songes. Gestes habitués... presque une danse familière que ses iris avaient milles fois observé être réalisée devant lui, témoin tacite de ces dérives assassines. Il suivit le rouleau jusqu'à ces lèvres ourlées, détail tacite qui l'incita à faire glisser une nouvelle gorgée douceâtre au fond de sa gorge silencieuse. « Voyons voir si le Graal est à la hauteur de l'ange qui me l'as rapporté. » Taquin. Provocateur. Il n'obtint qu'un rire mi-amusé mi-mal-à-l'aise de la part du dealer qui savait pourtant la qualité de ses produits, de ce qu'il vendait. Ticket dérisoire pour s'envoler au firmament.

Mais déjà ses lèvres s'incurvaient, satisfaites, contemplant l'artiste qui s'abandonnait à la saveur artificielle, laissait la fumée sinuer, retapisser l'intérieur de son être. Le temps comme suspendu, la course du sablier retenue, il l'observait savourer, apprécier, s'étourdir aux baisers des sensations. Lippes presque envieuses... presque, car il avait accès à ces dérives lorsqu'il le désirait, lorsque ses pas devenaient plus douloureux. Dealer de pacotilles à la vie tellement merdique et sans relief, qui trouvait de la force à écouter d'autres personnes ressasser leurs douleurs, leurs peines, ... lui, l'ombre, la mauvaise influence qui se sentait vivant à laisser les serres de l'adrénaline l'envelopper. « Pas mal. » « Pas mal ? C'est tout ? Je viens de te voir t'envoler... » souffla-t-il en réponse à ses mots, tout en s'emparant de l'artéfact qu'il mena à ses lèvres moqueuses, tirant une latte à son tour, savourant la morsure familière. Mais il n'eut pas le temps de la savourer, que l'artiste se redressait brutalement, se targuant de devoir peindre immédiatement. Et le déchu lui aurait bien répliqué de ne pas se gêner pour lui, mais il sembla réclamer sa présence, s'emparant de sa main pour l'entraîner dans son sillage. Peut-être un effet de la cibiche prisonnière de ses doigts, volutes s'attardant encore sur sa langue, ou le désir du dealer d'être apprécié de son client farfelu, l'étrange contact de cette main qui tenait la sienne... Mais il ne lutta pas, descendant les escaliers, le suivant jusque dans ce sous-sol, face à une toile commencée, avant de reporter son attention sur celui qui semblait ailleurs, déjà parti dans les méandres d'un pays inatteignable, déjà trop éloigné pour les ailes calcinées du déchu qui l'observait. Du rouge, voilà ce qu'il réclamait maintenant, se mettant en mouvement, et un rire nerveux s'exhala des lèvres de celui qui ne pouvait que l'observer... « On t'a jamais dit que tu devrais arrêter de fumer ? » souffla-t-il, sans trop savoir quoi faire, quoi dire. Merde, il était dans un sous-sol avec un client complètement taré, mais duquel, pourtant, il ne parvenait à détourner les yeux, comme prisonnier, comme fasciné. Le cobra plissant les yeux devant l'étrange danse de la flute. Il s'adossa contre un mur, tirant une nouvelle taffe à la cibiche qui n'était même pas sienne, se détendant doucement, laissant ses paupières dissimuler brièvement ses prunelles. « Ton canapé va finir par me manquer, tu sais ? » laissa-t-il s'échapper de ses lèvres sous un soupir, un demi-sourire les incurvant. Il se détacha pourtant du mur pour faire quelques pas en direction du charmeur de serpent auquel il souffla, tout en désignant le rouleau si précieux... « T'en veux plus ? »


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMar 28 Aoû - 16:58

« Tu ne vois qu'avec tes yeux, Gabriel. » Il ne sut comment est-ce qu'il étais parvenu à l'entendre dans le chaos existentiel de ses pensées en pleine effervescence. Peut-être était-ce dû à ce léger timbre de voix, assez bas, profond, pour le faire surgir hors de sa torpeur artistique. C'était presque une danse, rapide et saccadée, que d'enlever cette toile commencée pour en démarrer une autre, sur une impulsion, une envie à peine préméditée. Que d'avoir ouvert cette porte ce soir-là, afin d'y voir un paradis vermeil s'égarer sur les chemins de son Neverland. Son matériel était parcouru de secousses sous les tremblements incontrôlable de ses mains, c'était une envie viscérale, qu'il avait besoin de consumer aussi vite que cette cibiche psychotrope avait franchis ses lippes. Marquer, imprimer, peindre, jusqu'à en perdre le souffle, l'âme, la raison. Étendre les mémoires de son âme vagabonde, en ébullition, sous la morsure de ses prunelles sombres. Se noyer dans cette encre, s'en abreuver, se perdre dans le labyrinthe inextricable de ses rêves brumeux. Et le pinceau, comme une arme mortelle, comme il aurait pu s'agir d'un couteau vengeur assoiffé d'une hémoglobine sanguine, s'agitant frénétiquement sur la toile granuleuse, perforant sa chair marmoréenne afin d'en faire perler ces quelques gouttes vermeilles. Son esprit devait s'étendre, encore, voir s'envoler cette flamme rougeoyante hors de son enveloppe charnelle, partir, loin, s'éloigner. Pour toujours. Il l'aurait tant voulu, s'échapper à la porte de sortie de son âme, se noyer dans la braise hallucinogène de ce Graal inespéré. Tombant à pic. D'un geste de la tête, il lui fit signe de s'asseoir sur l'un des tabourets couvert de peinture sèche, s'il le souhaitait. Ou bien qu'il reste là, debout. À sa convenance, son inspiration capricieuse, lui, ses traits envoûtants, ses ailes flamboyantes le recouvrant en un manteau protecteur. Que devait-il s'imaginer en l'apercevant ? Qu'il n'était qu'un fou, certainement. L'un de ses types échappés de l'asile sur lequel on n'avait pu remettre la main, tant il était éparpillé, irrégulier, instable. Il était comme la plupart de ces types qui ne parvenait pas à apercevoir au delà des brumes nébuleuses de leurs esprits étriqués et pourtant, ce qu'il voyait autour de lui, c'était comme une main à la volée qu'il se devait de saisir. Comme cette cibiche tendue vers lui, entre ses doigts, qui bientôt se joignirent à ses lèvres d'un geste doux. Contrastant avec la fureur idéaliste enivrant sa psyché. Le papier roulé lui fit l'impression d'une fièvre contagieuse, venait à contaminer chacun des organes de son corps en une danse endiablée. Toquant aux portes de son âme au même rythme que ses orbes se noyait, se gorgeait du noir épais, ténébreux, de ses prunelles. Tout comme les siennes, ses iris, qui à l'heure actuelle, vitreuse, devait se faire dévorer par l'ombre terrifiante de ses pupilles. Il le regarda, avec ce genre de lueur où les mots ne suffissent plus à exprimer ce qui se terre au fond de ses entrailles, essors ses tripes d'une affligeante et exaltante douleur spirituelle. Un silence qui n'avait besoin de bruit, se sustentant de mots sourds, de paroles aveugles et de désir enfouis. Il se détourna et vint à déposer son pinceau contre un plan de travail en bois, tavelé, soutenant des pots ouverts, d'autres clos. Dos à lui, avec ses mains venant éventrer sa longue chevelure ondulée, qui bientôt retombèrent en cascade sur ses épaules saillantes. « Pourquoi est-ce que tu est resté ? » Le rivage boueux, jonché de végétaux verdâtres de ses iris vinrent à se figer dans les siennes.« J'ai comme le sentiment... Que tu n'est pas celui que tu prétend être. Je le vois, autour de toi. Tout ce rouge. » Il s'approcha de nouveau, de quelques pas, assez pour que sa main vint se mêler à la sienne et attraper cette cibiche exaltante. La porter à ses propres lèvres dans le doux remous de ses bras évanescents s'échappant de ses lippes pleines. Puis il le lui tendit de nouveau, comme si depuis le début, se tenait entre eux, non le Graal, mais une clef. Vers un ailleurs. Un Eden. Un paradis. « Les anges n'ont-il donc aucune pitié pour envoyer un homme tel que toi, sur le pas de ma porte ? » Il resta là, en ne sachant quoi faire. Le regard hagard. Perdu entre ces besoins irrépressible, ayant besoin d'être comblé. À la recherche de questions, de réponses. De nouvelles couleurs à graver d'une marque indélébile dans sa psyché.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMar 28 Aoû - 17:51

Aveuglé par les ténèbres environnantes, l'ange déchu qu'elles avaient mille fois dévorées déjà, était bien incapable de voir autrement qu'avec ses yeux. Avec quoi d'ailleurs ? Son âme ? L'ironie s'était étalée sur ses lippes plissées, mais nullement entrouvertes. Il n'y avait rien. Pas d'âme s'élevant au-dessus du monde, à l'exception de ces instants chapardés, de ces réalités troublantes, de ces mensonges artificiels qu'il offrait moyennant petits lambeaux de papier hors de prix. Aussi ne répondit-il rien à sa remarque, à peine l'ombre d'un ricanement étouffé. Il ne voyait rien. Son esprit échoué sur l'asphalte goudronnée qu'avalait sans cesse les roues de sa bécane, l'adrénaline de l'accélération face au feu cramé dans l'obscurité. Chaque murmure frelaté de son âme s'avérant incapable de produire ce que l'artiste semblait à présent réaliser. Chimère rougeoyante qu'il ne reconnaissait pas, qu'il n'imaginait pas assez fort, sans doute. Et lorsqu'il évoqua l'absence du canapé, le manque abyssale de l'arc-en-ciel criard, le peintre lui désigna un tabouret. Rien d'aussi confortable que l'oublié de l'étage, que l'abandonné en faveur de cette odeur de peinture qui montait à la tête, à moins que cela ne soit la fumée entrelacée qui en exacerbait l'âcre fragrance. Puis il s'approcha, question soufflée, non par remord de consommer ce qu'il avait payé, mais parce que la situation si étrange, parvenait à le troubler, l'attirer sur une venelle qu'il n'avait jamais empruntée jusqu'alors. Prunelles croisées, reflet des siennes sans doute, de celles qu'il posait sur celui qui n'était autre que son client et avec lequel il avait l'impression de ne plus avoir pieds. Mer d'une couleur rougeâtre, de cette ardeur qui maculait la toile, et qui restait un mystère aux iris embués. Il ne s'y attardait pas, il ne voyait pas. Aveugle. Il l'était, l'avait toujours été. La faute à l'obscurité dévorante, sans le moindre doute, carnassière affamée à la saveur de laquelle il s'était mille fois noyé. L'odeur du chlore des ténèbres, comme une saveur, une drogue difficile à ignorer. Et pourtant, entre ces murs, dans ce sous-sol, le regard échoué dans le sien, sans trop savoir quoi dire, quoi faire, le monde propulsé à des années lumières de leurs présences étourdies. Aveugle. Et pourtant, il ne pouvait que la voir cette étrange lueur au fond des prunelles qui semblaient vouloir souffler plus que les mots qui ne s'érigèrent pas. Inutiles. Incapables de transcrire cet égarement que Gabriel avait presque l'impression de pouvoir effleurer du bout des doigts. Malaise insidieux, sensation étrange, alors que le peintre se détournait, venant fouiller sa chevelure, regard brisé, et pourtant, il suivit la cascade si sombre qui vint dissimuler le dos de l'artiste.

« Pourquoi est-ce que tu est resté ? » lui demanda-t-il, laissant leurs iris se rencontrer une nouvelle fois. Il restait là, immobile, à scruter l'inquisiteur sans trop savoir quoi lui répondre. Qu'est-ce qu'il en savait vraiment de la raison qui l'avait poussé à rester ? L'esprit embrumé, il n'était plus certain de savoir vraiment ce qui l'avait incité à le suivre jusque dans ce sous-sol où il n'avait décidément pas sa place. « J'ai comme le sentiment... Que tu n'est pas celui que tu prétend être. Je le vois, autour de toi. Tout ce rouge. » Un rire nerveux s'esquiva de ses lèvres en l'entendant souffler de tels propos, et il dût presque lutter pour ne pas reculer d'un pas, tenter de s'éloigner de lui, en le voyant approcher. Pourtant, ce ne fut que pour s'emparer du précieux rouleaux qu'il porta à nouveau à ses lèvres que Javier combla la distance, avant de le lui tendre une autre fois. Il ne rechigna pas, s'emparant de la cibiche, la menant à ses lèvres pour tirer une taffe plus profonde, comme s'il s'abîmait à la saveur de lippes méconnues. « Les anges n'ont-il donc aucune pitié pour envoyer un homme tel que toi, sur le pas de ma porte ? » Paroles troublantes, peut-être trop, il papillonna des yeux, avant de mener sa main libre pour presser ses paupières closes, les frotter une brève seconde comme s'il cherchait à s'éclaircir les idées. « Je sais pas ce que tu crois voir, mais je ne prétends pas, je suis. » Il est. Ca le fit sourire, un sourire moqueur envers lui-même, à balancer des inepties grotesques. Il avait peut-être déjà trop fumé, pourtant, il recommença, inspira profondément, pour finalement avancer d'un pas et mener de lui-même la cibiche aux lèvres du peintre. « Aucun ange ne ferait la connerie de m'envoyer, moi, dans la vie de quelqu'un. » Il l'y abandonna, à ces lippes, et recula, presque égaré ailleurs. « Je pense que c'est plus un coup du Diable, crois-moi. » souffla-t-il avant de se passer une main dans les cheveux. « Tu devrais les couper. » ajouta-t-il en désignant les cheveux de l'esthète. Pourquoi ? Parce que ça le dérangeait. Parce que ça le troublait. Parce que... Il ne savait pas vraiment, et ne voulait surtout pas l'expliquer. Et déjà, ses lèvres se mirent à danser dans une autre direction, les mots guidant les iris vers la toile rubescente. « C'est moi que t'as voulu peindre ? »


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMar 28 Aoû - 18:44

Je ne prétend pas, je suis. Il aurait pu en rire. Mais il ne le fit pas. Parce que c'était ainsi, pour lui aussi, c'était une évidence. Comme les nuages appartiennent aux cieux, les arbres à la terre, les vagues aux océans. Quelque chose qui échappait aux codes, aux futilités sociales, à l'éducation malsaine que certains pères enseignait à leurs fils. Javier se contentait d'être, lui aussi. Avec ses cheveux trop long, son teint trop basané, cet accent mélodieux qui se berçait sur ses lèvres, ces tics faisant remuer ses mains et ses épaules, les journées passer à défiler le devant de toile menant sur d'autres mondes, son entrain énergique, cette maison de tuiles rouges aux couleurs polychromes, cette décoration désordonnée. À l'image du capharnaüm envahissant son esprit, le havre bordélique, chaotique, incohérent, instable, de ces milliers de nuances, comme pour combler un manque. Recouvrir une noirceur terrifiante enfouie dans les méandres de sa psyché éparpillée, le Monstre, qui lui, s'éveille toujours au moment inopportun, surgis aux voiles sombres de ces nuits nébuleuses. Il accueillais cette cibiche entre ses lèvres comme une bénédiction, un don de Dieux sauvages déposés entre leurs mains. D'anges égarés sous des cieux de feus et des mers incandescentes. Était-ce elle, l'unique voie pour venir les délivrés de leurs maux trop longtemps tût ? S'il fallait emprunter ce chemin, cet escalier menant aux bas-fonds de l'enfer, alors il en suivrait les fanaux vermeils. Et s'émerveillerait avec autant de vigueur, d'entrain, que s'il l'avait été ailleurs. Comme lui-même le répétait tant. Malgré les fautes, les erreurs, les troubles, les fissures et les balafres. S'il devait vivre de nouveau cent fois, il n'emprunterais jamais d'autres chemins que celui-ci. Il accueillerais la douleur comme un bienfait et la béatitude comme une atrocité. Tout. Plutôt que de devoir vivre dans l'ombre d'autres regards, tout, plutôt que de devoir se satisfaire de l'étau étriqué de son esprit. Il ignora sa remarque sur ses cheveux en fronçant légèrement les narines, d'un air aussi hagard qu'il l'étais. En proie à une dualité interne. Il aurait pu lui répondre avec violence, comme il l'avait fait tant de fois, lorsque les injures avaient fusées à son nom, son allure, son physique, son être. À quoi bon ?Répondre en apportant une quelconque importance à des choses futiles, des détails, pour s'attrister, se renfrogner, durant des jours et des jours sur des paroles aveugles. Il se contenta d'humer la fumée âpre, bougeant ses doigts jusqu'à faire danser cette cibiche entre ses mains folles, tremblantes, contre lesquelles ils luttaient, dans le vain espoir qu'elles ne se mouvent pas d'elle-même. Mais elles le firent, s'approchant de nouveau d'un pas de Gabriel pour attraper sa main dans la sienne. La regarder, songeur, de nouveau sentir ce frisson faire basculer son âme contre la sienne, si rougeoyante. Si lumineuse, qu'il s'en retrouvais aveuglé à son tour. « Ce n'est pas le toi, là. » Celui qu'il tenait contre le relief ocre de sa dextre, mais celui qu'il voyait, qu'il apercevait, au delà des ombres, des lumières. Des images, des sons, des détails tangibles, réels. Mais ceux qu'il ne parvenait pas à saisir, ceux qui lui échappait, comme une poigne évanescente, incapable de tenir dans le creux de sa paume. Qui s'effaçait, au passage, frôlement de ses doigts. Hésitant, sa main relâcha la sienne et vint à se poser sur son torse, à plat. Là où battait son palpitant au même rythme que le sien, dans une harmonie distordue, irrépressible. « Mais celui-là. » Celui qui bat sous ma paume, celui flamboie là où il devrait s'éteindre, celui qui s'exprime là où il devrait se taire, celui qui s'élève là où il devrait chuter. Vois avec mes yeux, entend avec mes oreilles, ressens avec mon toucher. Ne te défile pas. Je suis là. Juste là. Et jamais je ne recouvrirais tes couleurs des miennes, jamais je ne te laisserais t'éteindre. Je serais l'étincelle prête à te consumer, te faire flamboyer, te faire rêver.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMer 29 Aoû - 15:44

Des mots. Une multitude de mots venant s'échouer à ses lèvres, glisser des remarques, souffler ses vérités, et finalement poser une vulgaire question au sujet de la toile. La couleur, ce rouge cramoisi qui s'étalait, souhaitant raconter une histoire qui lui échappait, mais il venait de rapprocher ces éclats carmins qu'il prétendait voir autour de lui, et ce qu'il venait de peindre. Alors, était-ce lui ? Lui qu'il avait mené dans ce sous-sol saturé de l'odeur âcre de la fumée, entremêlée à celle plus acerbe de la peinture. Ses iris cherchant presque à graver les coups de pinceau, mais il remarqua trop tard le nouveau rapprochement de l'artiste... réalité qui se précisa lorsque ses doigts s'emparèrent des siens. Les prunelles du déchu revinrent sur les siennes, s'y braquant avec vivacité, le palpitant s'enhardissant dans sa poitrine. Alors qu'un nouveau frisson dérangeant gravissait sa peau, que le silence crevait à ses lèvres maintenues closes, et que l'éclat brûlant d'une question cramait ses pupilles : à quoi tu joues ? « Ce n'est pas le toi, là. » Donc, c'était bel et bien lui, mais pas... Pas quoi ? Il avait l'impression de se noyer sous l'incompréhension des mots qu'il lui soufflait. Gabriel ne parvenait pas à le suivre sur ces venelles qui lui semblaient impraticables, insaisissables, comme s'il pouvait entrevoir quelque chose que lui-même ignorait à son propre sujet. Déstabilisé par cet être qui sortait de ces cases prédéterminées qui l'aidaient à cerner ses clients, à reconnaître leurs besoins, à anticiper leurs envies en fonction de leurs existences. C'était pour cette raison qu'il était si apprécié, marchand de rêve sachant presque lire les âmes égarées jusqu'à lui. « Et t'as besoin de me tenir la main pour me dire ça ? » souffla-t-il sous l'ombre d'une nervosité adoucie ce qui se diffusait déjà dans ses veines, comme un affrontement tenace au fond de son être, adoucissant ses réactions, les rendant moins virulentes qu'elles auraient pu l'être à un autre moment. Mais déjà les doigts de l'esthète relâchaient les siens, sans lien premier avec ses mots, sa remarque. Gabriel réalisa alors qu'il n'avait pas tenté de les délier. Réalité dont il ne prit conscience qu'à cette seconde, et qui lui fit plisser le front en s'efforçant de réfléchir.

Mais l'artiste ne lui en laissa pas le temps, le troublant une nouvelle fois en déposant ses doigts sur son torse, au niveau de son cœur qui s'embrasa brutalement, comme si ce simple contact l'avait incité à répondre à la sensation de sa main juste au-dessus de lui. « Mais celui-là. » Muré dans un silence qui semblait l'étouffer, ses yeux s'ancraient dans les siens, se plissant légèrement, sensiblement, alors que les battements précipités de son palpitant donnaient l'impression de vouloir perforer sa poitrine pour se nicher contre la paume indésirable. Souffle déraisonnable qui se faufila entre ses lèvres, il restait ainsi, face à lui, comme pétrifié par ces mots, par ce que son regard semblait lui murmurer, ces non-dits presque soufflés sous la protection de ténèbres insensibles. « Tu me connais pas. » laissa-t-il filer sous un souffle, troublé, bien trop, par cette chimère qu'il représentait, qui avait deviné les palpitations frénétiques avant même qu'elles se heurtent à ses doigts. Lui qui semblait avoir entrevu un lambeau de son âme malmenée, précipitée dans les méandres des bas-fonds par une vie qu'il avait embrassée plutôt que de lutter contre elle comme son ainé. « Tu ne me connais pas. » reprit-il d'un timbre plus ferme, avant de récupérer le précieux rouleau tout en reculant, se soustrayant à ce contact, se détournant, ne lui offrant plus que son dos et ses épaules tendues alors qu'il arrachait une latte salvatrice à la cibiche, cherchant à dissoudre la tension malhabile qui divaguait sur sa peau, qui l'étouffait presque désespérément. De son autre main, il se frotta une nouvelle fois les yeux... se reprochant silencieusement d'avoir fumé, de fumer encore, de ne pas être en état de grimper sur sa moto pour se tirer d'ici, pour s'éloigner de cet homme et de ce qu'il faisait naître en lui. La drogue, sans doute. Alors pourquoi continuer à la laisser se nicher dans chaque recoin du liquide vermeil qui sinuait sous sa peau ? Pourquoi ne pas grimper ces fichus escaliers, tenter de reprendre son souffle dans un cadre différent ? Car il étouffait, la gorge devenue trop sèche, égaré sous ces émotions contradictoires, son poing se resserra sous l'envie pugnace d'évacuer cette dualité malsaine. « A quoi tu joues, putain ? J't'ai dit... » que je ne baise pas les hommes. Sombre colère contenue, qui le submergeait, qui le noyait, qui lui faisait perdre son souffle. Lutte intestine contre ce bien-être, cet abandon, soufflé par la fumée qu'il inspira une nouvelle fois, menant la cibiche à ses lèvres, comme un noyé cherchant sa respiration, tentant d'arracher au ciel une lumière taciturne. Mais plus il inspirait, et plus les effets de la traitresse se précisaient, détendant ses muscles, dissipant ses tensions.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMer 29 Aoû - 16:32

C'était une sensation oppressante. Un étau sans fond refermant la prise ténébreuse de sa cage nébuleuse sur son âme. De voir, constater, sans pour autant pouvoir agir. Cette impression d'être démuni face à une colère incompréhensible, de n'avoir aucunes armes afin de pouvoir lutter contre. Lutter contre ce même genre de Monstre, qui en l'instant, venait à ronger les entrailles de l'ange déchu. Seul son regard, ces deux orbes pétrifiés par des démons sourds, des gouffres où venait à y briller des éclats incandescents. Seul elles. Elles étaient les ancres les reliant aux siennes. Alors quand il se retourna, afin d'y éviter la morsure des siennes, il ne put que lui faire face. À l'abdication terrible de se silence solitaire, ce mur, cette muraille imprenable, de cuir, qui dansait sous ses prunelles verdâtres. Sa main s'était levée d'elle-même, comme muée par sa propre liberté, afin de pouvoir y reposer sa poigne sur son épaule. Mais quelque chose. Cette voix, basse, rongée par un désespoir honteux. Elle l'en empêcha, bloquant totalement sa prise, cette dextre, qui retomba mollement le long de son corps. Presque brinquebalante, tant elle venait d'avoir perdue de sa force impérieuse dans ces murmures à peine soufflé. Ce terrible courroux dont se gorgeait les tréfonds enflammés de l'âme du déchu. S'il avait cru que ses gestes seraient contrôlés, ses paroles déterminées à l'avance et son regard, si compatissant. Il se mettait le doigt dans l’œil, de tout ça, il n'en avait rien prévu. De ce rouge, si vermeil, pourpre, s'harmonisant à des azur éthérés, afin d'en former de délicates pétales violettes, douce et pourtant, se désagrégeant par une gangrène immuable. Inéluctable. C'était comme apercevoir l'état de ses horizons enflammés, réduit à l'état de ruines silencieuses, solitaires, habitées par d'anciennes chimères aux pas évanescents et des souffles, se transformant en des murmures semblable au sifflement de la brise. Hantant les bâtisses du vide et de la désolation. C'était inconcevable, d'apercevoir autant de destruction en un seul être, inadmissible même, de le voir s'enfouir dans les méandres de sa raison de son propre gré. Comment l'en sortir ? L'Ancre. Pas le Graal. Mais l'Ancre, seul elle, seul l'océan ombrageux de ses prunelles. Il devait les revoir. Se fondre de nouveau en elles. Un souffle à peine contenu s'échappa de ses poumons et il contourna Gabriel pour de nouveau lui faire face. « Ce n'est pas un jeu, Gabriel. » Non, il n'y avait plus rien de ses boutades échangées entre la clef de leurs paradis. Ni même de ces sourires, pourtant loin d'êtres innocents, demeurant là, entre eux, comme des paroles à tout jamais tût sous le mutisme de leurs âmes grondantes. C'était une chose qui ne prévenait jamais et de courte durée. L'effervescence de quelques instants secrets échangé dans des fragments de temps rompus. Pourtant, ça lui convenait à Javier. Il ne demandait pas le monde et l'arborescence de ses couleurs. Non, il se contentait des siens. De ces bulles mirifiques, sous lesquelles, il serait à tout jamais prisonnier. « Si tu crois que je me moque de toi, tu te trompe. » Ça le déchirait, lui essorait les entrailles d'apercevoir de telles flammes s'étreindre contre le néant de prises brumeuses. De voir ces bras de feu se faire submerger sous des flots étouffants. Alors il se lança, certainement inconscient. Mais prêt. Prêt à recevoir cette haine qui lui nouait les entrailles. Ça ne serait pas la première, ni la dernière fois. Pourtant, il savais que s'il ne le faisait pas, il le regretterais pour le restant de ses jours. Il préférait vivre sans remords, sans regrets. Ses doigts vinrent se tendre vers les siens, vers cette cibiche de malheur qui retomba sous sa prise dans un bruit silencieux, mais qui en son cœur, explosa comme un bâton de dynamite. Et ses bras, venant l'étreindre, d'une accolade désespérée. Affligée.

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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMer 29 Aoû - 17:25

Comme un mirage revenu s'imposer à ses rétines, il le vit réapparaître dans son champ de vision, cherchant l'éclat de ses prunelles, celles qui avaient voulu se détourner. Ne plus s'ancrer dans ce regard qui pourtant revenait à cette seconde ébaucher le sien. Il se tenait devant lui, comme cette image d'une personne tenant une fleur devant un char d'assaut. Il en aurait presque été troublé, que cette image s'impose à lui à cette seconde, alors que rien ne semblait pourtant similaire. Cela n'avait rien à voir, rien de rien. « Ce n'est pas un jeu, Gabriel. » Mais n'était-ce pas pire, alors ? Pourquoi est-ce que cela ne pouvait pas en être un, il aurait appris les règles, ou cessé la partie avant même de l'avoir commencée. Il jouait sans cesse avec les filles, incapable de s'engager, les baisant parce que c'était tout ce qu'elles attendaient de lui. Et celles qui espéraient plus... saisissaient tôt ou tard qu'il n'y aurait jamais de lendemain lumineux. Alors un frêle sourire sarcastique nargua ses lippes, juste avant qu'il y mène une nouvelle fois le rouleau déjà bien consumé, presque en sursis. « Si tu crois que je me moque de toi, tu te trompe. » Dernières paroles soufflées avant l'inconcevable. Avant cette main qui vint faire retomber la cibiche. Gâchis dérisoire. Puis il hoqueta, pris au dépourvu, incapable de... Figé, immobile, comme s'il venait de croiser le regard de Méduse et de sa coiffe serpentine. Le souffle court, le palpitant tambourinant comme un désespéré qui se noyait sans que personne ne lui jette la moindre bouée. Comme si les autres se contentaient de l'observer, aussi immobiles que son être à cette seconde, à cet instant précis, les muscles tendus, pourtant prisonnier des bras qui l'enveloppaient. Les siens restaient inertes le long de son corps, surpris, incapable de savoir comment réagir, comment recevoir cette étrange accolade. Son visage se tourna subtilement, le laissant s'immoler sous la fragrance de sa chevelure si longue, mille fois trop. Qu'est-ce que l'artiste avait pu voir en lui ? Cette enfance ? Cette violence ? Cette perte plus récente ? Cette...

Abîmé, écorché, Javier semblait le deviner, et ce n'était plus son regard qui l'ancrait, mais bel et bien ses bras, mais également ce parfum que son esprit gravait dans sa mémoire sans même qu'il en ait conscience. Son visage s'inclina sensiblement, ses lèvres frôlant sa gorge, et il ferma les yeux, submergé par ces émotions si contradictoires qu'elles l'assassinaient. Respiration pourtant saccadée qui ondulait à ses lippes, souffle brûlant qu'elles déversaient contre sa peau. Sensation de bien-être qui l'enveloppait, effets secondaires de la fumée, souffle capricieux de l'inavouable, attirance redoutable pour cet être lunaire. Si différent, si doux, si... Putain, mais qu'est-ce qu'il était en train de faire ? Question trouble qui vint s'imposer à lui, comme une gifle, un coup venant se précipiter contre sa joue. Ses mains se relevèrent pour s'agripper à ses bras, pour le repousser, les lèvres pincées, le front barré par l'inquiétude, le regard hagard, perdu, ombre colérique surtout noyée sous le rejet. « Arrête ! Arrête ça ! » Il le repoussa plus brutalement, l'acculant contre le mur, sa main crispée plaquée contre son torse. Furieux qu'il parvienne à le déstabiliser si facilement, qu'il... le manipule, qu'il éveille... Malaise désagréable. « Je suis pas comme ça ! » souffla-t-il comme s'il évoquait la pire des tares, et ses doigts se refermèrent sur le tissu de son tee-shirt, s'y crispant. « T'espères quoi ? Me sauver ? Qu'un gars comme moi s'intéresse à un type comme toi ? » Ca lui bouffait les lèvres, ces paroles, ces mots, ces propos qui sonnaient presque trop justes, même à ses propres oreilles. Comme s'il soufflait ces mots pour les exorciser, faire disparaître ce qu'il ne voulait pas accepter. Ses doigts tremblaient, son regard persistait à s'ancrer dans le sien, son palpitant s'acharnait, sa respiration s'accélérait. « Ca... ça n'arrivera pas, tu m'entends ? » insista-t-il, comme s'il tentait de se convaincre lui-même, alors qu'il relâchait le tissu, reculait d'un pas... son regard s'égarant sur ces traits dont il semblait incapable de se détourner, de ce visage, de ces lèvres, de ce regard. Putain... détale, fous le camp, Gabriel.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyMer 29 Aoû - 18:28

Une odeur âpre. Dure et entêtante. Musquée et puissante. Animale et embrasée. Le tabac froid collant à ses mèches noircies, la force de cette carcasse de chair, pétrifiée, qu'il devinait bien bâtie sous son étreinte. Ce souffle chaud, ardent, comme ces flammes érigées tout autour de sa silhouette, se répercutant contre la peau nue de son cou découvert. Ses mèches, trop longues, entremêlées aux siennes d'une accolade fragile, qu'il devinait déjà éphémère. Et pourtant, c'était bien ce palpitant, qui sous son torse s'élevait en des intonations abruptes. Qu'il sentais s'écarteler au contact de la peau nue de sa nuque, contre ses bras. Une accolade, qu'il espérait, éternelle, gravant chacune de ses sensations, couleurs, mondes, qui s'offrait sous ses prunelles fermées. Le temps de quelques secondes, volées à une liberté mensongère, dont était épris le déchu. Un enlacement que ne méritait pas le peintre et qui pourtant, s'y abandonnait sans merci. Puis, tout se rompit. Le miroir de ce désir fougueux, écrasé, fissuré, sous cette poigne vive. Ce mur, si froid, si loin de la chaleur de ce corps qui avait été entrelacé contre le sien, quelques secondes plus tôt. Qui comme une barrière de glaçons, venait à faire s'éprendre son corps d'une terrible brise hivernale. Glaciale et meurtrière. Comme ces prunelles là, qui de leurs hauteurs enflammées, venait à jeter ses souffles magmatiques dans les rivages boueux de ses orbes surprises. Il s'y était préparé, à ce retour de flammes, cette alarmante colère, surgissant des tréfonds des terres éteintes de la conscience du déchu. Et pourtant, son enveloppe charnelle réagissait comme s'il avait été pris de stupéfaction. Le tremblement de ses iris, ce souffle se rompant douloureusement dans sa gorge, ses mains folles prises de spasmes incontrôlées, dont les jointures blanches venait resserrer la cage de ses doigts basanés contre le jean de sa salopette. La peur, comme un lent poison lui rongeant l'âme, jusqu'à statufier chacun des membres de son corps. Et les tremblements, ceux qu'il ne parvenait à retenir, la douleur, viscérale et vivante. Qui le tenait aux pieds de cette barrière glaciale. Et ses prunelles se fermaient. Comme pour éteindre les lumières, dans cette salle désertée et lugubre. Ne plus faire abstraction de la force qui tentait de le maintenir à la réalité. Le bois grinçait sous le passage de lourdes chaussures, les canalisations bruyantes, vomissaient leurs humidités contre les murs décrépis. Tout ici, sentait le renfermé, la crasse, la poussière s'évadant en de légères particules face aux faibles rayons solaires qui franchissait la porte. Car il y avait ce Monstre. Là. Celui-là même tapis aux confins de sa psyché. Qui s'élançait, de son pas lourd, digne d'un géant sur le point de faire rompre les planches boisées sous ses pieds. Il n'y avait plus que lui. Son haleine empestant l'alcool, cet accent franchissant ses lèvres qui n'avait rien de mélodieux. Que des gargouillis atroces, des raclements gutturaux ininterrompus s'élevant hors de ses lippes en un ton sinistre. Sonnant aux portes de sa conscience comme un glas imminent. Il déglutissais alors, trop faible, trop chétif, pour pouvoir se débattre. Comme si la Mort elle-même, venait de s'enticher de son âme. Le fric ! Ou est-ce qu'elle a foutu le fric ?!!! Répond-moi ! Putains d'gosses, bon qu'à pleurnicher et renifler leurs larmes dans les jupes à leurs catins d'mères ! Non. Non. Il n'abandonnerais pas. Pas maintenant. Sa main se levait, tremblante, mais loin d'être fragile. Désemparée, désespérée. Venir s'accrocher à ce bras fermement, mais doucement. « Gabriel, calme toi. » Lorsqu'il le relâcha, son corps s'écroula contre le mur, laissant son dos reposer contre lui, comme s'il portait en son sein, toute la force nécessaire pour ne pas le faire basculer. Ses mains, folles et nerveuses, allait s'entortiller contre ses tempes, glissant jusqu'au devant de ses yeux, paume ouverte, fermée. Ne sachant quoi choisir entre ces mondes mirifiques et le sien, juste sous ses yeux, se déroulant en des palettes si noires, aveugle de toutes lueurs. Il lui fallut quelques secondes, peut-être même minutes avant de prendre conscience de ses gestes, laisser s'évanouir le monstre et reprendre pieds à terre, à la réalité. Gabriel, l'Ancre de son regard meurtrie, des braises incandescentes, rougeoyantes, en un halo flamboyant autour de sa silhouette solitaire. Et il lui souriait. Parce que cette colère, ces braises qui s'en échappait, c'était ça, qu'il avait vu en lui, dès le début. Dès qu'il avait franchis le seuil de ces mondes imaginaires. « C'est ça... Que je vois. » Il ne bougeait plus, sa tête pleine de mèches éparses, son corps mou, cotonneux, comme si l'on venait de lui retirer toute once de force, reposé sur ce mur, comme un athlète blessé à son attelle. Les hommes abdiquent toujours devant les anges.

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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyJeu 30 Aoû - 14:04

Tire toi. lui hurlait une petite voix qu'il ne comprenait pas, qui semblait vouloir se superposer aux mots de l'artiste, ceux qui lui demandaient de se calmer. Car ce ne fut pas sa voix qui l'incita à le relâcher, non, tout était particulier dans cette âme chamboulée qui était la sienne, monstre de colère qui rampait sous sa peau depuis toujours, et qui somnolait en partie sous l'effet de la fumée qui divaguait jusqu'à son être. Moins brutal, moins violent qu'il aurait pu l'être s'il ne flottait pas à moitié dans cet autre monde. Et pourtant, Javier s'était mis à trembler comme s'il craignait qu'il s'en prenne à lui, et à présent que son corps se recueillait contre ce mur comme s'il était son seul support, c'était presque une autre vision qui se superposait à ses iris. Passé tenace qui telle une ombre pugnace, rôdait, et le ferait encore à d'autres reprises. Prunelles qui s'attardaient sur son étrange réaction, ce ballet percutant de ces gestes incontrôlés qu'il avait déjà remarqué un peu plus tôt. Partagé, égaré entre deux mondes, ravagé par cette colère sensée le défendre, et cette effluve d'un passé mille fois trop renié, qui le mettait lui-même en rogne contre ceux qui parvenaient à le lui évoquer. Le silence comme brûlant recueil de cet instant qui le laissait hésiter entre deux rives, au bord d'un précipice ou bien d'un autre. Mais il ne voulait pas sombrer sur l'inconcevable, avouer l'éreintante course de son palpitant à son contact, sa fragrance que son esprit avait mémorisée sans lui demander son avis. Ses poings se contractèrent, cédant à la colère, celle qu'il se vouait à présent à moitié, comme si son être ne pouvait que se scinder sous cette rage despotique qui ravageait la moindre parcelle de celui qu'il était. Mâchoire contractée. Trouble tenace. Muscles bandés. Perturbations lasses.

Le sourire qui vint étirer les lippes de l'agressé, ne cessa de l'emporter dans ce tourbillon d'incompréhensions, sans saisir, sans comprendre. Ce type était le plus grand mystère de son monde, de ceux qui attisaient sa curiosité, parce qu'il ne parvenait à mettre le doigt sur cet univers fantasmagorique qui lui paraissait inaccessible. « C'est ça... Que je vois. » Ca ? Il resta silencieux face à cette révélation, qui fit redescendre cette colère irradiante. Il plissa les yeux, ne cessant de le fixer. Il pouvait la prédire cette putain de migraine qui viendrait enlaidir son âme dès que les effets s'évaporeraient, sous ces questions qui s'entrelaçaient dans son esprit pour tenter de comprendre l'incompréhensible. L'avait-il fait exprès ? Pour faire éclater sa colère ? L'avait-il guidé jusque-là pour que les tambours grondent ? Que les éclairs frappent ? Pour lui prouver qu'il l'avait deviné, lui ainsi que toute cette rage tapie au fond de lui ? « Je te comprends pas... » avoua-t-il simplement, sous une sincérité sauvage, l'éclat brûlant de son regard finissant par se détourner pour observer la toile, y découvrir enfin cette colère recouvrant le blanc. L'éclat de sa rage enfouie jusqu'ici, pourtant étalé à la vue de tous ceux qui finiraient par l'observer. La compréhension fit retomber la tension de ses épaules, mais son regard se plissa, son souffle s'accéléra. « Pourquoi... t'as peint ça ? » D'une main tendue, il se frotta les yeux à nouveau, avant de reporter son regard sur l'esthète magnifique qui semblait si fragile subitement contre ce mur, poupée de chiffons chiffonnée. « Je te ferai pas de mal... » murmura-t-il encore, presque rembruni par la réaction précédente de l'artiste, par ces souvenirs englués de sa propre enfance... il s'était promis de ne plus jamais être victime, et il ne l'était plus. Lui, le déchu devenu adversaire. Le maître de cette existence dérisoire, mais qui était sienne, frondeuse et malsaine. Ses iris abandonnés contre les siens, horizons troubles de l'être qui n'avait pas plus reculé qu'avancé durant ces derniers instants.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyJeu 30 Aoû - 15:49

Comprendre. C'était un bien grand mot lorsqu'on en saisissait à peine les significations. Comprendre, c'était avant tout un partage, une connexion, une Ancre, déposée dans les mains d'un autre être, quel qu'il sois. C'était laisser son monde se laisser envahir par l'empreintes d'autres, c'était déposer le glaive sacré de son essence même, au pied de l'autel de son âme. Comprendre, c'était si grand et si petit à la fois. Mais pour Javier, c'était quelque chose de magnifique, auquel jamais il n'aurait droit. Lui, si différent, en dehors des codes, des cases sociales, comme l'on trie une bibliothèque et ses livres de différents genres, comme on étiquette des produits dissemblables. Était-ce ça, l'humanité ? Se faire ranger et accepter son sort, sans broncher. Non, il n'avait jamais été de cet avis là. Les humains, dans leurs banalités alarmantes, dans leurs détails, leurs colères irrépressible, valait bien plus qu'une auto-destruction constante. Gabriel, valait mieux que ça. Il le savais, en était certain même. Comme si depuis qu'il avait traversé le seuil de cette porte pour se présenter face à lui, il en avait eu l'ultime conviction. Au fond de ses prunelles sombres, ravagées par des brasiers incandescents. C'était la fougue, la passion, la rage et la vivacité qu'il avait vu. Non ses tristes couleurs ternes et fades, ayant recouvert l'âtre de son âme depuis bien longtemps. L'Archange Gabriel, n'était-il pas lui même, la force de Dieu ? Celui qui portait en sa psyché, son être tout entier, le poids démesuré des paroles de son maître Tout-Puissant ?Et Javier n'était qu'un homme, comme tant d'autres avant lui, qui ne pouvait que succomber face à la force impérieuse, angélique, de cet être déchu. Il avait peur, oui, mais cette peur là, il venait à l'apprivoiser, faire d'elle - de ses secousses basculant son corps et s'entrechoquant à son âme - une bénédiction. Tout ce qui était tangible, il n'en avait jamais vraiment fait parti, alors c'était ainsi, lorsque de fortes émotions venait à se graver dans les méandres de sa psyché, il prenait, absorbais tout, afin d'en délier la langue de son âme du bout de son pinceau. Retranscrire la terreur, l'effroi, le désir, la passion, comme quelque chose de magnifique, mirifique. C'était ça même, l'essence de l'inspiration, l'antre sacré de ses illuminations folles. Mais Gabriel, comme tous les autres, ne serait pas qu'une couleur de plus ajoutée à ses palettes. Il serais la couleur. Celle qui l'envahissait tendrement, abruptement, aux symphonies des muses solaires se prélassant dans les plages solitaires de son âme. Celle que les peintres, les poètes et les musiciens se disputait jalousement. Un appel même à la créativité. À quelque chose... de bien plus fort. Il n'était pas si compliqué dans le fond, les émotions puissantes était le catalyseur même de son être. L'Ancre. Celui qui venait à le rattacher d'une manière ou d'une autre, à cette triste réalité. À ce murmure, ses muscles crispés se détendirent et il osa un pas vers sa direction, préférant jeter un regard à cette toile à peine commencée, que plutôt devoir de nouveau se noyer dans le palais d'ébène inextricable de ses prunelles. L'oeuvre déchue qui se tenait face à lui, faite de chair et de couleurs. « Je devais te le montrer, pour que tu puisse comprendre. » Que tu sache, que j'appartiens à ce monde, moi aussi. Il hésita, puis vint à nouveau porter les confins boueux de ses prunelles dans les siennes, se gorgeant d'éclats verdâtres de branches à la dérive. « Ce n'est pas tous les jours, que j'ai l’occasion de peindre un ange. » Il avait dit ça d'un rire nerveux, une légère boutade afin de rendre plus agréable l’atmosphère étouffante de la pièce. Et pourtant, à chaque fois que son regard se perdait sur lui, il ne pouvait s'empêcher d'être étreint de ses bras de feus, invisibles. Fondant sur lui en la caresse ardente, magmatique, d'un astre solaire en fusion.

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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyJeu 30 Aoû - 16:46

Il l'avait vu s'approcher, raréfier la proximité avec cette toile, avec lui également, mais cela ne semblait être qu'un effet secondaire de ces pas échoués sur le sol de la pièce, si petite pour les émotions qui l'embrasaient. Tensions évadées en faveur de ce dernier murmure floué de son souffle, fragile aveu de sa propre colère qu'il dirigeait contre lui-même, si mauvais élève qu'il pouvait être du Diable. Et puis, le regard du déchu était revenu s'égarer sur cet homme qu'il peinait à comprendre, à saisir, intentions aussi volages que le souffle frais du vent qui s'exilait en dehors de ces murs. « Je devais te le montrer, pour que tu puisse comprendre. » Comprendre... presque un mot qui ne parvenait à réellement trouver de reflet dans son âme échouée. Car qu'aurait-il dû comprendre ? Que cette colère, cette rage à fleur de peau qu'il pensait étouffer à longueur de temps lorsqu'il ne la laissait pas exister, avait hurlé à l'intérieur de son esprit, que ses prunelles avaient sût la lire, la déceler avant même qu'elle ne cherche à exister ? Mais que s'il y était parvenu, c'était parce que ce n'était pas la première fois qu'il y était confronté ? Sa mâchoire se contracta sous ses dents qui se serrèrent, pâle reflet de ce qui divaguait à l'intérieur de lui, dans cette marée trop sombre pour laisser la moindre lueur y exister. Pourtant, n'était-ce pas un éclat terni qui scintillait en cette terre aux couleurs bien trop brulantes ? L'homme à ces côtés, cet être qu'il s'évertuait à repousser, chassant les nuées de bien-être exhalées par une fumée qui s'éternisait dans son sang, rendait chaque sensation tellement plus chatoyante que cela s'avérait dangereux. Iris prisonniers de cette observation sauvage, dérobant ces secondes à son possesseur.

Puis leurs prunelles se heurtèrent, comme une illusion, un mirage devenant trop réel, brûlure obsédante d'une supernova, astre s'écrasant sur lui-même pour mieux avaler chaque réalité passant à sa portée, la tordant, la malmenant, l'entortillant. « Ce n'est pas tous les jours, que j'ai l’occasion de peindre un ange. » souffla l'artiste d'un petit rire nerveux, craignant peut-être toujours ses réactions. Mais cela ne fit que soulever la commissure de ses lèvres, fragile sourire sarcastique sous cette énième comparaison, prise malgré tout à la dérision. Gabriel n'était pas un envoyé du ciel, et s'il l'avait un jour été, Dieu ne lui avait jamais tendu la main lorsque les bas-fonds l'avaient un peu trop étreint. A moins, peut-être, d'avoir été trop aveugle pour s'en rendre compte, trop idiot ou trop fier pour accepter de la prendre. Sans doute. Souffle pernicieux. Souffle capricieux. Il laissa un soupir trépasser de ses lèvres, ses doigts s'égarer dans ses propres cheveux. « Les anges ne sont pas sensés faire peur. » souffla-t-il en réponse, piégé dans un autre soupir, son regard revenant nébuleusement ramper sur cet être qui... le fascinait. Trop différent de lui-même pour le laisser indifférent. Mille fois trop doux face aux ténèbres qui le rongeaient. L'impression pugnace d'être devenu bourreau en cette seconde le dévorait, comme une gangrène malsaine. L'envie de chasser cette impression, de retenir ces contacts qui le démangeaient, cette envie de passer ses doigts dans ses cheveux pour savoir s'ils étaient aussi doux que son visage le lui avait soufflé quelques instants plus tôt. Curiosité dérangeante. Désagréable. A rejeter. Il s'éloigna de la toile, de l'esthète, jusqu'à revenir s'accoler contre le mur au contact duquel il se laissa glisser, jusqu'à s'asseoir à même le sol. Ce putain de canapé lui manquait, mais il n'avait pas l'envie de gravir les marches. Il sortit simplement son paquet de cigarettes, s'occupant les mains, laissant son esprit s'abandonner à l'occupation d'allumer un vulgaire bâton de nicotine, dont l'extrémité s'embrasa, le laissant inspirer une taffe assassine, avant d'expier un simple soupir de contentement. La clope n'était jamais aussi bonne qu'après une première esquive. Tout paraissait meilleur, possible, perdant de son interdit. Posture nonchalante, visage incliné vers l'arrière, quelques mèches retombant sur ses traits, presque pour dissimuler le regard mi-clos, embué et trop brûlant, qu'il dardait en biais en direction de l'artiste. Lutte intestine et grotesque qui l'avait précipité contre ce mur. 


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyJeu 30 Aoû - 17:32

Sa voix avait l'effet grondant d'un éclair zébrant le ciel, de ces intonations basses et insidieuses. S'infiltrant en son âme avec la force d'un torrent de flammes et de tonnerres bravant les dénivelés de ses terres spirituelles. Grimpant et s’agrippant jusque dans ses entrailles, en un Monstre figé. D'un désir rauque et irrépressible dont il ne pouvait détourner les prunelles. Ses mèches, qui comme des plumes d'un rapace d'encre, s'étaient déposées en une caresse fugitive contre son derme, quelques instants plus tôt. Javier était loin d'être gêné, seulement distant, par peur de rompre cette bulle sereine dans laquelle ils étaient à nouveau. De rompre l'Ancre de son regard, à laquelle il se retrouvais enchaîné, tel un prisonnier à sa triste cellule et ses fers, lui rongeant la peau. « Ce n'est pas de toi, dont j'ai peur. » Seulement du Monstre. Terrible. Effrayant. Qui se cache dans ses entrailles au même rythme que bat son palpitant, que ses mains s'emparent à nouveau de son pinceau comme le catalyseur, réceptacle de son âme. Farouche et menaçant, jeté à même la toile comme une lame se gorge d'une hémoglobine vermeil sous une gorge. Que les couleurs se dénouent, tel des langues prisonnières d'une torture existentielle. Celui qui aux aurores d'ailes enflammés, se réveille, s'éveille aux desseins sombres de ses pensées chaotiques. Rouge. Jaune. Orange. L'harmonie malsaine, meurtrière, qui rampe dans la fange de sa psyché. S'abreuve de la boue de son regard et consume la dernière flore, faune, qui elle se meurt en des cris silencieux. Abyssaux. Résonnant aux portes des cages de son inconscience. Un mouvement abrupte contre le tissus blanchâtre et le noir se terre. Comme pour le rassurer, faire taire ces songes archaïques qui menace de surgir à chaque coup, chaque fois que les poils son pinceau effleurent le toucher granuleux, marmoréen de la toile. C'est un travail de longue haleine, que d'être là, concentré sur ces couleurs qui surgissent, tout en faisant abstraction du regard du déchu sur lui. Il y a toujours cette morsure, qui comme une pensée lointaine, un murmure bas qui s'échoue contre son échine. La tentation d'être tenté de détourner le regard, d'être de nouveau attiré par delà la barrière asphyxiante de cette cibiche. Dans un coin de son esprit. Mais là. Toujours là. Alors que ses épaules remuent en harmonie avec ses gestes, que ses mèches brinquebalantes viennent à s'échouer, s'entremêler aux tâches de ses teintes sauvages. Parfois il souffle sur quelques unes d'entre elle barrant sa vision, comme si elles allaient se mouvoir d'elle-même. Puis il capitule, attrape de nouveau cet élastique pour venir les nouer. S'assoie sur ce tabouret qui d'une faible prise de ses pieds nus, venait à le faire remuer, faire s'élever les pieds arrière, boisée, sans en avoir réellement conscience, tant il était affecté par sa tâche. Pas son devoir, mais son plaisir, que de devoir souligner la braise incandescente de ses ailes échouées aux portes de champs lumineux. Créer, là, quelque part au beau milieu du néant creux de ses mondes vagabonds. Relever la tête de temps à autres, seulement afin d'y apercevoir ce visage. Couvert des filaments ombrageux de cette crinière indomptée. Et finalement, s'arrêter, parce que le souffle lui manque et ses épaules l'élancent légèrement. Se résoudre à lâcher son instrument afin de le rejoindre, à même le sol, ses jambes serrées contre son torse et ses doigts de pieds remuant contre la pierre froide du sous-sol. Juste cette clef, ce Graal échoué, éteint à même le sol glacial, imposant une limite raisonnable entre leurs deux corps, qu'il rêverait de combler. « Tu compte rester ici toute la nuit ? » Ses prunelles furent absorbée distraitement sur ses mèches trop longues, échappées de son man bun, tombant en cascade au devant de son visage. Puis un souffle franchis ses lèvres, alors que ses pieds venait à remuer contre le sol, comme si celui-ci se retrouvait être en réalité le clavier d'un piano. « Non pas que ça me dérange... »

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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyVen 31 Aoû - 18:04

Clope au bord des lèvres, le regard qui ne quittait pas l'artiste qui, finalement, s'était remis à peindre après lui avoir assuré qu'il n'était pas celui qu'il craignait. Pourtant, c'était bel et bien à sa réaction qu'il s'était mis à trembler, face à sa colère qu'il avait gardé ses distances avant qu'il l'assure qu'il ne lui ferait rien. Brouillard assassin qui flottait autour de lui, le dos de son crane appuyé contre le mur, une main revenant s'emparer de la tige en sursis avant de se laisser pendre sur son genou. Il soupira une seconde, peut-être deux, avant de clore ses paupières comme s'il cherchait à dissiper la présence de celui qu'il ne comprenait pas, ressemblant à s'y méprendre à ces grands esprits que le monde observait en silence, sans parvenir à savoir comment s'en approcher, comment les effleurer, comment les étreindre, les arracher aux dérives improbables de leurs âmes étranges. Quiétude malsaine de s'imprégner des fragrances multiples qui flottaient dans l'air, sensation d'avoir conscience de ne pas être chez lui, de ne pas se trouver en un lieu habituel. Il entendait les pieds du tabouret sur lequel Javier avait fini par s'échouer, le froissement de la toile sous les coups de pinceaux. Comme une danse qu'il ne put s'empêcher d'observer à nouveau, le voile de ses paupières s'évaporant, pour mieux le laisser retrouver l'artiste qui avait à nouveau dégagé sa nuque, noué sa trop longue chevelure. Il aurait dû en profiter pour disparaître, se lever, prendre un taxi, ou tenter de rouler avec sa bécane, avaler l'asphalte, sensation grisante qu'il avait déjà connu sous le sang contaminé d'un rêve artificiel. Dangereuse façon d'esquisser la vie, et il n'était pas d'humeur à prendre ce risque, accro à l'adrénaline, c'était comme s'il avait découvert la source d'une autre drogue entre ces murs. Un mystère à éclaircir, un besoin à combattre, mais qu'à distance il savait gérer. Ses doigts ramenèrent la cigarette se consumant un peu plus à ses lèvres, baiser éphémère, inspiration cancéreuse. Mais il était à nouveau fasciné par ses gestes, ses mouvements, comme s'il observait une danse dont il n'avait pas le secret, qu'un désir étouffé croupissait au fond de son être, concupiscent et enchaîné dans les tréfonds de son âme.

Il le vit subitement s'interrompre, abandonner ses outils pour venir le rejoindre contre ce mur dans une position sensiblement identique, mais pas parfaitement semblable. Les iris du déchu se détournèrent, vinrent se perdre dans un recoin de la pièce, nonchalant mensonge venant contredire ces derniers instants, ces trop longues minutes passées à l'observer. « Tu compte rester ici toute la nuit ? » La notion du temps s'était perdu quelque part en chemin, et il inclina son poignet pour observer l'heure qu'il était, reprenant pieds avec cette réalité à cent lieues de cette étrange bulle. « Non pas que ça me dérange... » Clapotements de pieds qui vinrent captiver à nouveau les iris du marchand de rêves. Comme s'il était incapable de rester totalement inerte, contradiction, les deux hommes semblant une nouvelle fois si différent l'un de l'autre. Son visage se tourna vers le sien, son regard redessinant ses traits. « Je te débarrasse dès que je me sens de reprendre la route. » Ce qui ne serait sans doute pas la vérité, ou alors faussée par ses propres sensations, et puis s'il restait, c'était avant tout pour une autre raison inavouable. « De quoi t'as peur exactement ? » souffla-t-il finalement sans prévenir, laissant cette pensée revenir à son esprit, sans le quitter des yeux. Parce que si ce n'était pas de lui, alors de quoi ? Encore flottant, peut-être même la retenue habituelle étouffée derrière son impulsivité, il tendit sa main libre en direction du visage de l'artiste, chassant une mèche qui le gênait sans doute, avant de la laisser retomber sur le sol. Son autre main guida sa clope à ses lèvres pour lui arracher une autre bouffée assassine. Geste éphémère, presque illusoire, avant qu'il pousse un soupir, laissant l'une de ses jambes s'allonger sur le sol, et son visage basculer à nouveau vers le plafond.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptyVen 31 Aoû - 19:22

Gabriel avait ce quelque chose de touchant, sous les barrières de flammes qu'il avait érigé à l'insu de son âme. Il lui trouvais quelque chose de tendre, dans ces prunelles sombres, une toute petite lueur, aussi fine qu'elle pouvait l'être, entouré de ses ombres prêtes à fondre sur cette nova en déclin. Peut-être était-ce à cause des effluves psychotropes endormant leurs psychés, sous la baignade fumeuse de cette brume âpre. Ou bien était-ce tout simplement, les profondes vérités de leurs esprits surgissant dès que l'Ancre de leurs regards venaient à s'entrechoquer. Ce n'était pas quelque chose qui échappait à Javier, car lui, il le savais. Et n'était pas du genre à s'en cacher, même après la réaction explosive du déchu. C'était dans ces regards, ces silences, seulement comblés par la proximité de leurs souffles, ces paroles basses, comme échangée pour meubler le silence creux, qui lui, se comblait dans les échos sourds naviguant dans leurs pensées. Dans la complicité de leurs boutades, qu'ils s'étaient rejoins, aux frontières de terres désolées, dans son antre polychrome où Gabriel avait su apporter ces rêves nébuleux, afin de leur faire franchir la courbe de ses lippes. Les effets paraissait si lent, amorphe, comparé à la morsure ombrageuse de ses iris dans lesquelles il venait à se baigner, s'imbiber de ces fleuves d'encres, comme ceux qui parcourait les mains du déchu. Celle-là même, aux phalanges rougies par cette violence qui montait en un fleuve magmatique, venait à se joindre aux aurores incandescentes de ces ailes invisibles. Est-ce qu'il se battait ? Et avec qui ? Pourquoi ? Tant de questions franchissait les cages nébuleuses de son âme, mais aucune ne franchissait la barrière de ses lèvres épaisses. Par pudeur, certainement. Car autant franc et honnête qu'il pouvait l'être, le peintre savais à quel point les blessures les plus profondes demeurait figée, comme une gangrène au beau milieu d'entrailles, étouffées sous une myriade de silences solitaires. Et bientôt, ce fut son palpitant qui fut pris d'une soudaine frénésie. Une effervescence endiablée, à la vue de cette main venir soulever l'une de ses mèches ondulées, comme s'il se serait agit d'une légère plume déposée dans le creux de ses paumes, ses mains rugueuses, rongée, abîmée par une vie décadente. Et qu'il trouvait pourtant veloutées. Lorsque celle-ci s'échappa pour venir se joindre à la pierre froide du sol, il l'a suivis du regard tel un chat aux pupilles aiguisées, acérées sur fil brinquebalant. Il évita sa question en retroussant ses narines, puis fixa l'objet de ses pensées. En avait-il seulement le droit ? Venir apposer la marque de ses couleurs sur les siennes ? Non. Il devait les faire se joindre dans une harmonie mirifique, bien que bancale et pleine de doutes. À la façon d'approcher un animal sauvage, un sourire taquin, doux, se dessina sur ses lèvres et ses doigts s'approchèrent des siens, marchant d'eux-même d'un petit rire jusqu'à finalement venir effleurer les siens. Leurs regards se croisèrent une énième fois. Croyant y lire un accord silencieux, il escalada le bout de ses doigts, jusqu'à venir se joindre aux fracas violacés de ses phalanges.« Tu peux rester, si tu veux... » Sans bruits, ses doigts venait à dessiner des formes et des couleurs invisibles sur sa peau. Des songes, que seul Gabriel parvenait à lui faire voir. Des rêves de fougue et d'une électricité palpable s'allumant sous la caresse de sa dextre. Progressivement, laissant remonter le feu de ses prunelles rendue vitreuse par la drogue influençant sur ses pensées grivoises, au même rythme que les éclats dorés de sa peau venait à gravir l'avalanche épidermique de son bras couvert de tatouages. S'égarant, sous la moiteur de son blouson de cuir.

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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptySam 1 Sep - 10:00

Sa peur, celle que le déchu était incapable d'identifier clairement, puisque ce n'était pas lui. Celle pour laquelle il l'interrogea, mais il n'obtint pas l'ombre d'une réponse. Le silence, celui qui s'érigeait entre chaque parole soufflée à ce vent qui n'était qu'une chimère de l'imaginaire, et pourtant, c'était lui qui entraînait ces mots au loin, les tatouant sur les murs de la pièce comme autant de murmures qui n'avaient pas l'ombre d'une importance. Etait-ce eux qui avaient une réelle importance, ou bien tous ces non-dits si faciles à deviner, ces interdits fredonnés par cette main à présent posée sur le sol, mais qui fut effleurée par d'autres doigt ? Impulsivement, son regard revint se braquer sur celui de l'audacieux dont la peau affleurait la sienne, celui dont les lèvres se voulaient taquines. Immobile, ressentant simplement les fracas de son palpitant à l'intérieur de son être, il ne le chassa pas, ne l'esquiva pas plus, laissant ces doigts volages gravir les arrondis de sa chair. « Tu peux rester, si tu veux... » Sauf qu'il ne savait pas réellement ce qu'il souhaitait, ses iris retombant sur la liaison silencieuse de leurs mains, continuant à être bercé par cette sensation de bien-être qui endormait sans doute cette parcelle de lui-même qui aurait pu le rejeter. Nul doute qu'elle reviendrait, qu'elle finirait par se faufiler, mais Javier avançait prudemment, comme s'il ne cessait de le comparer à un animal sauvage qui risquait de sortir les griffes ou bien encore de fuir loin de la créature qui tentait de le caresser. Car c'était bel et bien ce qui se produisait, ces doigts dessinant de mystérieuses arabesques à même sa chair. Il détourna une nouvelle fois les yeux, comme s'il préférait nier le frisson qui divaguait à même sa peau au contact de la sienne, alors qu'il tirait une autre taffe à la condamnée, avant de soupirer légèrement.

Il jouait, rampait, s'insinuait sous son cuir, redessinant sa chair dissimulée. Gabriel écrasa la cigarette à même le sol d'un geste vif, avant de venir se poser par dessus sa veste, capturant à travers le cuir l'envahissante patte qui agitait son cœur, menaçait son souffle. Dans la manœuvre, il s'était tourné vers Javier, son regard revenant croiser le sien. « C'est la drogue... » qu'il souffla, comme une excuse à ces contacts tolérés, appréciés, à ce regard trop sombre vis-à-vis de l'étrange artiste. Souffle accéléré à ses lèvres, et la prise se dissipa pour revenir effleurer son visage, l'extrémité de ses doigts esquissant sa peau. Rien d'indécent, de trop évocateur de la créature tapie dans ses entrailles. Juste une incandescente tentation sur laquelle ses doigts affleuraient avec retenue, gravant pourtant ses lignes dans sa mémoire. Il exhala un nouveau soupir, son front se plissa sous sa volonté à réfléchir, à étouffer ce foutu bien-être, à s'agripper à des pensées plus logiques que ce que les secrets de son âme cherchaient à dévoiler à cette seconde. « Je resterai pas... » Murmure enflammé, pourtant épris d'une vulgaire simplicité, qui trépassait de ses lippes pincées. L'esthète était comme une lueur trop vive à cette seconde, que l'ailé qu'il était ne pouvait que tenter d'atteindre, quitte à s'en brûler les doigts, à se consumer pour mieux sombrer ensuite. Exagération des sensations, des ressentis, des émotions, il laissa ses paupières revenir emprisonner son regard, alors que sa seconde main retombait contre lui. Aveugle. « Je suis pas ce genre de types... » souffla-t-il encore, battement frénétique, obscurité brûlante qui semblait lui donner plus conscience encore de la présence de sa main contre sa peau. Silence bienfaisant, obscurité dévorante, sous les tambours trébuchants de son palpitant.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptySam 1 Sep - 12:16

« Je te demande pas de rester ici, jusqu'à ce que ce toit au dessus de nos têtes s'effondre. » Non. Il ne demandait pas le ciel, Javier. Ni les éclats aveuglants des étoiles, des miettes de leurs lueurs conservées dans un bocal, de leurs couleurs galvanisantes, grandissant en son âme comme une symphonie céleste. Il ne demandait pas ce don de Dieu arraché à ses champs de lumière pour le faire précipiter dans sa chute décadente, signer son déclin de ses envies viscérales. Il n'avait rien du diable tentant les sens vertueux d'un ange en perdition. Il n'était rien de plus qu'un homme, en aimant d'autres, ouvertement. Une nuit. Des mois. Des années, peu lui importait. Il restait l'amant inconditionnel de ses sentiments internes, ceux qui jamais ne franchirait de nouveau ses lippes, ceux qui venait à lancer des cris sourds, dans les tréfonds de son âme, égaré, là, quelque part entre ses véritables envies et ces palettes indépendantes, solitaires. Un sourire nerveux venait à naître sur ses lèvres à ce toucher et ses prunelles se fermant sous la douceur tendre de cette main s'égarant sur son visage. Rien de plus qu'une nuit, avec leurs ombres dansantes sur les murs de ce sous-sol tamisé, tel des monstres d'encres, s'abreuvant de leurs envies fougueuses. « On est bien. Là. Maintenant. Et c'est tout ce qui compte, non ? » Que ce sois les fluides psychotropes endormant sa colère, la peine du peintre face à ce désastre, rongeant les catacombes désolées de ses terres spirituelles. Là où venait à grouiller les rongeurs belliqueux de ce courroux, qui comme un vent destructeur, venait à faire apparaître les rougeurs violacées de cette haine sur les mains du tatoué. Elle. Ces mains, veloutée et âpre. Catalyseur de ce rouge embrasant les rivages ombrageux de son regard, les chants séraphiques de ses frissons s'élevant contre sa peau. Tout ça. Tout ce qui naissait dans la barrière inéluctable de ces iris jetées sur le monde, Gabriel, lui offrait ce soir-là, des couleurs inexistantes, des teintes, des pigments, balancés sur le voile de ses pensées. Et recouvrant la noirceur de son âme, en des lueurs polychromes. « Je peux être qui tu veux. L'une de ces filles qui hante tes pensées ou un homme que tu aime secrètement depuis toujours. » Il n'avait qu'à fermer les yeux. Se laisser porter à cette brise cotonneuse, décrire de ces propres émotions, les mondes aveuglant sa psyché. Briser les barrières futiles entravant la vision de son âme, faire s'effondrer les derniers remous de ces vagues courroucée contre ses propres rivages. Et venir. Rien qu'un instant. Le temps d'un souffle, d'un regard, d'une main égarée contre la sienne, d'un sourire réchauffant son âme pour le guider jusque dans ses forêts interdites, prohibées. Lorsque sa main le quitta, pour le rejoindre de nouveau, il faillit presque en couiner d'impatience. Puis il secoua sa tête pour chasser ses pensées hors de son esprit, avant de finalement se laisser guider. Laisser cette main contre la sienne, là, à son contact. Là où jaillissait les étincelles éteintes de sa psyché afin de s'éveiller de nouveau à ses flots enflammés. Ses genoux s'heurtant au sol froid et dur, roulant jusqu'à venir faire s'échouer sa tête pleine de mèches sauvages, indomptées contre le cuir ornant le torse de Gabriel. Coulant sur le tissu en une suie liquide, moite. Il ferma de nouveau les yeux, humant cette odeur pour l'imprégner jusque dans ces cinq sens dévoués à cet être contre lui. Et d'un souffle, unique, franchissant ses lèvres sans être pernicieux, insidieux. Seulement, plein d'espoir. D'une vérité frappante, dur et amère, pour lui. Des illusions qu'il ne se ferait jamais de nouveau et des rêves brisés, s'heurtant à ses désirs les plus sombres. « Ça restera entre nous. Personne n'en saura rien. »

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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptySam 1 Sep - 14:34

Invitation éphémère que lui offrait l'artiste, mais il s'était égaré sur d'autres venelles. Ses doigts redessinaient ses traits d'un contact si doux, semblable au bruissement d'ailes de papillons, comme si jamais cela ne devait s'éterniser, comme s'il n'osait plus. « On est bien. Là. Maintenant. Et c'est tout ce qui compte, non ? » Ces mots effleuraient son âme, cherchaient à s'insinuer jusqu'à lui, cette conscience embrumée qui ne pouvait qu'approuver. Ils étaient bien ainsi, sous les sensations évoquées, sous le contact vaporeux de ses doigts sur sa peau, contact qu'il n'avait jamais toléré vis-à-vis d'un autre homme. Même avec ses meilleurs amis, ce n'était ce genre de contacts qu'ils avaient, et les autres... les autres... leurs visages rencontraient si facilement ses poings à la moindre contrariété. Javier était l'exception noircie par les flammes divaguantes de ces instants nécrosés par la cibiche oubliée à même le sol. Paupières closes, main désertant ses traits, il l'entendit lui souffler d'autres paroles en écho aux siennes. « Je peux être qui tu veux. L'une de ces filles qui hante tes pensées ou un homme que tu aime secrètement depuis toujours. » Son palpitant s'agitait presque avec désespoir, tambourinant pour s'échapper, ces paroles lui offraient une opportunité, une possibilité, comme s'il ne s'agissait que d'une erreur. Jouer de l'ignorance, accuser la drogue de sa méprise, égaré dans sa chevelure, dans le parfum tenace qui venait jusqu'à lui à chaque mouvement du peintre. « J'aime pas les hommes. » souffla-t-il dans un murmure, pour confirmer ses mensonges, étouffer les battements qui s'agitaient, alors qu'il entendait le froissement de tissu contre le sol, tellement conscient de son corps si près du sien sous l'anéantissement de l'un de ses sens.

Son souffle s'effaça une seconde, peut-être deux, lorsqu'il revint s'échouer contre lui, battement saccadé qui reprit de plus belle, l'adrénaline de ces secondes l'étourdissant comme s'il se trouvait sur sa moto lancée à pleine vitesse. Il laissa s'échapper un souffle fragile, pas même un soupir, quelque chose entre ça et sa respiration tremblante. « Ça restera entre nous. Personne n'en saura rien. » L'entendit-il ajouter, promettre le secret de ces instants, de cette dérive que seuls ses rêves artificiels étaient parvenus à permettre telle une brèche, une possibilité. Il resta ainsi, palpitant emballé, course endiablée, mais il ne le rejeta pas comme les minutes précédentes avaient pu en être témoin, quand la drogue commençait à peine à s'immiscer en lui. Il entrouvrit ses prunelles, deux fentes se déposant sur cette silhouette collée à lui, cette chevelure attachée... comment pourrait-il croire qu'il avait une femme contre lui ? Seulement en se mentant éhontément, sans la moindre retenue. Il leva une main, venant libérer ces mèches dans lesquelles il ne se gêna pas pour glisser ses doigts, en ressentir la douceur imaginée. Il expia un soupir plus profond, laissant ses paupières se refermer à nouveau alors que ses doigts s'égaraient jusqu'à sa nuque, venant s'enrouler autour de sa gorge, jusqu'à relever son menton, son visage. L'aveugle ailé s'égarait vers cette lueur qu'il devinait, étincelante, sous ses doigts. Son besoin de l'obscurité nécrosait les instants pourtant, avant que ses lèvres viennent ébaucher les siennes, premier effleurement interdit, caresse volage. Il avait raison, la différence n'était pas flagrante, et ces lippes étaient aussi douces que d'autres. Pourtant, il hésitait encore, comme au bord d'un précipice qui le hantait, le tentait, comme au début d'une course illégale, sa moto prête à s'élancer, à dévorer le goudron, à faire s'emballer toutes ces saveurs interdites. Situation tellement similaire que cela lui en donnait le tournis. Les paupières crispées, ses doigts glissèrent sur cette gorge pour chuter sur son torse, le deviner sous le tissu de son tee-shirt, tandis qu'il enfouissait son visage dans cette chevelure qui se voulait trompeuse, mais dont il avait parfaitement conscience de qui en était le propriétaire. Comme un adolescent égaré sur un chemin qu'il ne maîtrisait pas, il se faisait hésitant... et cela lui ressemblait si peu que ses maîtresses hurleraient à la méprise.


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MessageSujet: Re: [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé   [nsfw] bring me some dreams (for gabriel) terminé EmptySam 1 Sep - 15:33

C'était comme une découverte. Une conquête à l'inconnu, à une aventure grandiose et palpitante. L'épopée interdite de ses tatouages (Quelles histoires pouvaient-ils conter ?) roulant contre ses doigts, ses sens obnubilés par ce voyage de senteurs musquées, les énigmes des frissons se dessinant sur sa peau, ces souffles hésitants, lui hachant la gorge comme s'il avait été plongé dans une forêt hivernale. Vulnérable, mais si grand. Si beau, lorsqu'il s'offrait, lorsque ses mensonges se faisaient évincer au profit des sensations. Et Javier, tremblant, aussi chancelant, imparfait qu'il pouvait l'être. Des couleurs naissaient, là, juste du bout de ses doigts, de ses mains parcourant son corps, à ce paysage mirifique qu'il faisait naître contre son contact. C'était doux, apaisant. Alors qu'en fond, battait cette fureur incendiaire, prête à ravager son âme contre la sienne. Faire s'éclater ces deux novas incandescentes dans une course semblable à une météore jaillie du ciel. Laisser dans leurs sillages un amas de galaxie inachevées, de brumes étoilées et de miettes constellées. Et les lumières, si fortes, si aveuglantes, que ses poumons parvenait à peine, en vain, à retenir ses souffles se faisant plus court, se mourant dans sa gorge, semblable à des ronronnements de félin repu. Il le laissait faire. Qu'il le touche, décèle les secrets de sa chair, si semblable à la sienne, comparé à ses conquêtes féminines, qu'il l'embrase, fasse s'évanouir des étincelles contre son derme, en des vagues inéluctables de frissons. L’assomme de cette passion abrupte courant sous sa peau, fasse jaillir les braises ardentes de ces veines, ce palpitant, battant à en rompre sa cage thoracique, à en faire taire sa voix d'halètement d'agonie. Il le sentais, comme il aurait pu humer les couleurs, sentir la caresse de leurs teintes, apercevoir ces mondes grisants venir toquer aux portes de sa psyché. Alors son cou se tendait, abdiquant sous sa vision aveugle qu'il voulait faire renouer au monde extérieur, à lui et en même temps, lui laisser le loisir mensonger de se perdre dans ces propres terres mystérieuses. Son nez venait à se nicher dans son cou, ses lèvres l'heurtant, faisant taire cette respiration erratique par peur d'en briser ce silence fantasmagorique. Il devait rester calme. Ne pas laisser l'emballement de l'instant venir à rompre ce désir trop étouffant, se taire, pour son bon plaisir illusoire. Teinté de chimères et de reflets inexacts. Et pourtant, son corps se mouvait de lui-même, d'instinct, contre le sien. Telle deux pièces d'un même tableau, s'attirant, se raccommodant d'elle-mêmes sous les mains invisibles d'une divinité architecte. Retrouvant les desseins de leurs épidermes, la piqûre magique tant attendue de leurs gestes. Grimpant souplement, à califourchon sur lui, alors que sa dextre, senestre, venait à se faufiler sur ses épaules, laisser choir ce vêtement trop encombrant au sol. Au même titre que cette cibiche psychotrope, quelques instants plus tôt. Le guider, l'inviter à cette danse lascive. Pourtant, c'était facile, entre eux. Entre deux hommes. Il connaissait son corps, comme il aurait pu s'agir du sien. J'aime pas les hommes, avait-il dit. Mais il était là. Contre lui. Contre eux. Alors que le monde basculait, au profit des leurs. Que le sol si froid, sous ses pieds nu semblait avoir été recouvert d'une couche magmatique, que les frissons naissant sur la peau nue de ses bras, n'était en rien dû au froid. C'était comme ça, parce que c'était inéluctable. Une évidence même. Ses mains vinrent à emprisonner celles de Gabriel sous la cage moite, ardente, de sa peau basanée. Les accompagnant à venir le défaire de son propre t-shirt, qu'il fit passer au dessus de ses mèches farouches, ondulées, comme un fleuve de boucles qui bientôt vinrent à retomber en un torrent noir contre sa peau aux éclats ocres. « Tocame. »

@Gabriel Winfrey
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